Aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle : échec de l’expulsion d’un jeune Guinéen
afrik.com
Posté le: 15 mars 2012
Le 1er mars, à l’aéroport parisien de Roissy-Charles-de-Gaulle, cinq policiers français ont tenté, sans succès, d’expulser un jeune Guinéen à bord d’un vol Air France. Excédés par les bruits et l’agitation du jeune, les passagers du vol ont demandé aux policiers de le maîtriser ou le faire débarquer. Finalement, les policiers le feront sortir manu militari avec quatre autres passagers guinéens. C’est du moins ce que nous rapporte notre interlocuteur, Boubacar Barry.
Tout a commencé quand les passagers ont pris place à bord d’un bus au terminal 2C de l’aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle à 9 heures 30, heure de Paris, pour aller rejoindre leur avion qui devrait décoller une heure plus tard.
Un jeune Guinéen menotté criait contre son expulsion
« À la grande surprise de tout le monde, quand nous nous sommes installés dans l’avion, il y avait un vacarme assourdissant qui provenait de l’arrière de l’appareil. C’était un jeune Guinéen menotté qui criait contre son expulsion. Il était ceinturé par cinq agents de la police nationale française.
Le jeune criait à gorge déployée en disant ceci “Je ne veux pas rentrer, ma femme doit accoucher dans quelques jours”. Des cris qui retentissaient dans tout l’avion. Devant le refus obstiné du jeune de se taire, deux policiers sont intervenus pour qu’il garde le silence en le retenant contre son siège, ce qui n’a pas suffi pour calmer ses ardeurs. Et il continuait à crier de plus belle avec toujours les mêmes refrains aux lèvres. Lorsque l’heure du décollage a sonné, la tension est montée d’un cran. Les passagers se sont mis en colère et s’en sont pris aux membres de l’équipage.
Les gens ont commencé à se plaindre. Ils ont demandé qu’on le fasse taire ou qu’on le descende de l’avion parce qu’il dérangeait les uns et faisait même peur aux autres. Certains avançaient avoir payé assez d’argent pour voyager dans de meilleures conditions et d’autres demandaient qu’on les fît changer de vol tout en fustigeant le manque de respect de la part d’Air France envers ses clients africains.
Le jeune Guinéen finalement débarqué
Le commandant de bord constatant son incapacité à faire régner le calme dans l’avion a donc demandé à ce que la police fasse descendre son prisonnier. Cette décision a rendu furieux les policiers qui devaient accompagner le jeune à Conakry. C’est ainsi qu’ils ont demandé à ce que quatre autres jeunes les suivent, les accusant d’avoir pris part au désordre.
Les policiers ont d’abord commencé par débarquer le jeune qui était à rapatrier. Ils sont ensuite revenus chercher les quatre autres pour les faire descendre de l’avion. Ces jeunes ont plaidé auprès de l’équipage d’Air France qui est resté indifférent à leurs requêtes. Alors que ces jeunes avaient tous des documents en règle. Leur seul crime ayant été d’avoir plaidé la cause du jeune qui devait être expulsé. Les quatre jeunes ont donc été débarqués par les policiers. C’est seulement vers 13 heures que notre avion a pu décoller ».
Toutefois, notre interlocuteur qui s’est senti mal à l’aise après ces incidents, a déploré l’attitude de l’équipage du vol Air France qui, affirme-t-il, « n’a rien fait pour empêcher la police de faire débarquer ces passagers ».
Une relation tendue entre Paris et Conakry
Selon lui, la police française n’en est pas à sa première expérience, « lorsque je suis rentré en Guinée, j’ai expliqué à ma tante qui m’a dit qu’elle a vécu la même chose il y a un mois quand elle quittait Paris ».
Faut-il rappeler qu’en 2007, six policiers français avaient été molestés à l’aéroport de Conakry-Gbessia lorsqu’ils accompagnaient deux Guinéens sans-papiers expulsés de France. L’affaire avait, à l’époque, provoqué un incident diplomatique entre les deux pays.
Propos rapportés de Boubacar Barry, un passager-témoin de la scène
Par Mamadou Sarifou Barry