Affaire Snowden : une rumeur fait détourner l'avion du président bolivien
leParisien
Posté le: 03 juillet 2013
Les rumeurs se succèdent comme les épisodes d'un feuilleton autour de l'affaire Edward Snowden. La dernière en date a fait une victime et non des moindres : le président de la République de Bolivie en personne, Evo Morales. Soupçonné d'avoir accueilli Snowden dans son avion, celui-ci se serait vu refuser l'accès aux espaces aériens français et portugais dans la soirée de mardi et a été obligé de se poser en Autriche !
« Le président a été forcé d'atterrir à Vienne», a déclaré lors d'une conférence de presse le chef de la diplomatie bolivienne, ajoutant «qu'il y avait eu des rumeurs infondées sur la présence de M. Snowden dans l'avion, nous ne savons pas qui a inventé cet énorme mensonge».
Nouveau plan de vol
M. Morales a dû subir ce contre-temps alors qu'il revenait en Bolivie dans l'avion présidentiel, en provenance de Moscou où il avait participé à une réunion des pays producteurs de gaz naturel. Le gouvernement bolivien avait l'intention de faire une escale technique au Portugal, mais Lisbonne «nous a communiqué inexplicablement qu'il annulait l'autorisation de survol et d'atterrisage», a précisé M. Choquehuanca. Il a expliqué qu'on avait alors étudié «un nouveau plan de vol» pour que le président atterrisse en Espagne, pays qui a autorisé l'avion à se réapprovisionner dans les îles Canaries. Mais alors que le président Morales était en vol, «la France nous a communiqué qu'elle avait annulé l'autorisation de survol du territoire français», avance le chef de la diplomatie bolivienne.
Le conseiller de permanence dans les services du Premier ministre français, Jean-Marc Ayrault, interrogé par l'AFP, a répondu ne pas être informé de l'affaire. Le ministère français des Affaires étrangères a déclaré de son côté n'être « pas en mesure » de commenter cette information.
Snowden, la patate chaude diplomatique
Ce rocambolesque rebondissement de l'affaire illustre quoi qu'il en soit la tension internationale qu'engendre le cas Snowden. Celui dont les révélations sur l'espionnage des Etats-Unis prenant pour cible la Chine mais aussi l'Union Européenne et plusieurs pays du Vieux Continent, dont la France, se transforme chaque jour davantage en une patate chaude diplomatique. Vraisemblablement encore à Moscou, il a fait plusieurs demandes d'asile politique, sans pour l'instant enregistrer de réponse positive ferme.
Le chef de l'Etat bolivien, Evo Morales, avait, cependant, déclaré à la chaîne Russia Today que son pays «prendrait en considération» une telle demande s'il était sollicité, soulignant que «la Bolivie était prête à accorder l'asile politique aux gens qui révèlent des activités d'espionnage». D'où peut-être la fameuse rumeur et les réactions du Portugal et de la France.
Par ailleurs, dans une lettre au ministère polonais des Affaires étrangères et dont le contenu a été divulgué à la presse, M. Snowden affirme qu'il «risque d'être persécuté», voire exécuté par les Etats-Unis, s'il devait retourner dans son pays appliquant toujours la peine de mort.
Les Etats-Unis affirment avoir «bon espoir» de récupérer l'informaticien
En contact étroit avec de nombreuses capitales, les Etats-Unis ont dit mardi soir avoir «bon espoir» que l'ex-consultant de l'Agence américaine de sécurité nationale (NSA) rentre aux Etats-Unis. Des responsables américains sont «en contact, comme c'est le cas depuis plusieurs jours maintenant, avec de nombreux pays qui pourraient être des lieux de transit ou des destinations finales» pour M. Snowden, a déclaré la porte-parole du département d'Etat, Jennifer Psaki. «C'est quelqu'un que nous voudrions voir revenir aux Etats-Unis, bien évidemment. Et nous avons bon espoir que cela arrivera», a-t-elle assuré.
Edward Snowden a reçu mardi le soutien appuyé de son père, Lon Snowden, qui a comparé son fils à un illustre patriote de la guerre d'indépendance américaine au 18e siècle, Paul Revere. «Vous êtes un Paul Revere des temps modernes, qui appelez les Américains à faire face au danger croissant de la tyrannie et d'un Etat sans contre-pouvoir», dit-il dans un texte solennel, cosigné par son avocat.
Par Jean-Louis Picot (avec AFP)