Abidjan, la capitale économique de la Côte d'Ivoire grouille de mendiants et de vendeurs ambulants. On retrouve surtout cette frange de la population ivoirienne aux carrefours des grandes artères et aux abords des rues du district d'Abidjan.
Le Gouvernement ivoirien qui n’apprécie pas ce phénomène qui nuit à l'image du pays et qui constitue un véritable problème de sécurité, a décidé de sévir. Un délai de 10 jours a été donné aux personnes concernées pour libérer ces endroits à travers un communiqué du ministre d'Etat, ministre de l'Intérieur et de la sécurité, Hamed Bakayoko.
Ce communiqué indique clairement qu'à compter du 5 août 2013, tout mendiant ou vendeur ambulant chopé à un carrefour de la ville d'Abidjan assumera les conséquences qui en découlent. Cette mesure prise par le ministre, le mercredi 24 juillet 2013, semble être ignoré par la majorité des concernés. Un tour aux carrefours de « Solibra » de l'indénié et de la Sonatt nous a permis de nous en rendre compte.
Ouédraogo Aminata, mendiante depuis 10 ans au carrefour « Solibra » ne savait même pas de quoi nous parlions lorsque nous l'avons informée de ce que le lundi 5 août 2013, sa voiturette sera confisquée, si elle mendie encore en cet endroit devenu « son lieu de travail ». « Mais pourquoi ?», s'emporte-telle. Nous lui expliquons que le Gouvernement a pris une mesure leur interdisant de s'adonner à la mendicité en ce lieu. « En bon », rétorque-t-elle. « Comment allons nous faire. Il faut que Alassane ait pitié de nous », plaide-t-elle. Même réaction que Moumouni, un unijambiste faisant la manche depuis deux ans au carrefour de l'Indénié.
S'il ignore tout de la disposition gouvernementale de les faire quitter les abords des rues de la capitale économique, il s'est demandé de quoi vont vivre ses collègues et lui, si la décision est vraiment mise en application. Et de poursuivre pour dire que la mendicité est devenue au fil des années leur gagne-pain. « Qu'est-ce que nous allons devenir si le ministre nous interdit de mendier », s'interroge Moumouni qui avait été rejoint, entre temps, par deux mendiantes tenant à la main des récipients, avec sur le dos des nourrissons de moins de dix (10) mois.
Après avoir saisi le thème de la causerie, elles ont lancé des jurons avant de s'éloigner. Dame Djédjé Marie et Konan Aya, ex-balayeuses reconverties en mendiantes, rencontrées aux feux tricolores de Nostalgie au Plateau, ont quant à elles minimisé la décision du Gouvernement avant de dire : « Qui est né mendiant. Ils pensent que c'est avec cœur joie que nous tendons la main à des inconnus, dont certains n’hésitent pas à nous insulter. C'est par manque de travail. Ils n'ont qu'à nous donner du travail et ils verront que nous ne viendrons plus ici », a dit Djédjé Marie. Moussa Traoré, vendeur ambulant, aux feux tricolores de la Sonatt à Treichville, pense comme les deux femmes.
Selon lui, c'est après avoir perdu son job qu'il s'est mis à vendre à la criée. Il est prêt à laisser tomber cette activité si une opportunité de travail s'offre à lui. Comme on le voit, la mesure de chasser les mendiants et les vendeurs ambulants des carrefours doit être précédée de séance de sensibilisation. Et ce, afin que les personnes concernées saisissent cette nécessité d'assainir ces endroits de la capitale économique.
Elysée YAO