Bouaké/ Après dix années d’absences : Les stations d’essence, de retour
L'expression
Posté le: 04 novembre 2011
Depuis septembre 2002, les zones ex-Cno sont approvisionnées en carburant par un autre circuit. Une situation qui s’est améliorée avec le retour des compagnies pétrolières.
Plus de dix kilomètres à travers la ville pour se procurer du carburant en provenance d’Abidjan. C’est l’exercice auquel se livre, depuis un bon moment, Koné Siaka, propriétaire de voiture à Bouaké.
Au volant de son véhicule, le conseiller principal de l’inspection primaire Bouaké-N’Gattakro, qui habite le quartier Air France, rallie à chaque fois la station Total près du corridor nord de la ville. Fraichement réhabilitée par le géant français de l’or noir, cette station-service est le premier endroit où automobilistes et motocyclistes peuvent se faire servir de l’essence en provenance de la Société ivoirienne de raffinage (Sir). « C’est le seul endroit où je suis sûr d’avoir du carburant made in Côte d’Ivoire.
Ce carburant crée moins de dommages à mon moteur. Voilà pourquoi depuis que j’ai eu l’information que la station a été récupérée par Total, le vrai propriétaire, je traverse la ville pour mon approvisionnement. C’est un effort qui en vaut vraiment la peine », a indiqué M. Koné.
Quant aux deux autres stations situées à proximité de l’hôpital Sainte Camille et de la Sari, les maçons sont à pied d’œuvre pour les mettre en état. En attendant leur mise en service, deux stations d’une autre maison pétrolière, riveraines, ont repris du service faisant le bonheur des usagers. Implantées en plein cœur du quartier Commerce, centre des affaires de la seconde ville du pays, elles sont les propriétés de la firme nationale Pétro Ivoire. Ici, tout sent du neuf, bureaux, parkings, garages pour vidange, panneaux publicitaires, pompes… Les murs ont reçu une nouvelle couche de peinture.
Retour du carburant de qualité…
Les pompes ne sont pas en reste. Elles sont aussi neuves. Non loin du Tribunal de première instance de Bouaké, les usagers sont attirés, ce jeudi, par la musique qui provient de l’une des stations Pétro Ivoire. Le Super coûte 774 Fcfa le litre. Quant au gasoil, le prix indiqué est de 615 Fcfa. Pour Zoumana, un chauffeur de taxi, au-delà de la qualité du combustible, c’est le prix du litre à la pompe, pratiqué dans les nouvelles stations qui est intéressant. « Avec le carburant vendu ailleurs dans la ville, on est contraint d’aller toujours au garage pour des problèmes de moteur.
C’est un carburant de couleur jaune ayant une odeur très désagréable. Durant toutes ces années de crise, il nous a créé trop problèmes de pompe. On travaillait difficilement. Aussi, contrairement à ici, le gasoil coûte ailleurs dans la ville 650 Fcfa/litre. En venant ici, on gagne doublement, un gasoil de bonne qualité et un prix bas », se réjouit le chauffeur de taxi. Il indique que ce retour des compagnies pétrolières dans leurs anciennes stations permettra de mettre fin à l’usage du gaz par les véhicules de transport. « Dans le milieu des chauffeurs de taxi, tout le monde est conscient des dangers du gaz. Mais compte tenu des dommages causés par l’utilisation du mauvais carburant vendu depuis septembre 2002 dans les zones ex-Cno, beaucoup de nos collègues n’avaient réellement pas le choix en optant pour le gaz. C’était une question de survie, car il fallait faire des recettes pour ne pas déposer les clés», confie-t-il.
…et usage possible des bons d’essence
Tout comme ce chauffeur de taxi, dame Tuo Félicité, employée dans une société de téléphonie mobile, se dit soulagée, car, selon elle, les usagers pourront utiliser surplace les bons d’essence dans le cadre de leur service. « Ici, dans les stations-services, on a affaire à des professionnels. Quand le pompiste commence à servir, on peut vérifier aisément le volume d’essence qui entre dans le réservoir sur l’écran de la pompe. Ce qui change avec le retour des compagnies pétrolières dans la région, c’est l’opportunité qui nous est offerte d’utiliser les bons d’essence.
Auparavant, il fallait se rendre chaque fois à Yamoussoukro, pour monnayer nos bons d’essence et revenir à Bouaké. Cela occasionnait des pertes inutiles d’argent », s’est-elle plaint. Elle poursuit pour dire qu’en matière d’entretien de véhicule, la prise en main des stations-services par les firmes pétrolières offre plus d’avantage. « Les vidanges ont eu lieu dans de bonnes conditions par un personnel qualifié. Les lubrifiants utilisés sont également dignes de confiance. En cas de dommage dans le moteur, on sait à qui s’adresser. Avant, à Bouaké, ce n’était pas le cas », indique Madame Tuo. A côté de tous ces avantages qui font le bonheur des usagers du fief de l’ex-rébellion, le redéploiement des sociétés de pétrole dans les zones ex-Cno se pose également comme un signal fort…vers l’unification du pays.
Par Marcel Konan