Conseil burkinabè des chargeurs : Les représentants au Togo, Bénin et Côte d’Ivoire évoquent les difficultés rencontrées
Lefaso.net
Posté le: 05 octobre 2012
La 3e édition du symposium international sur le transport et la logistique en Afrique s’est tenue du 25 au 27 septembre 2012 à l’hôtel Azalaï Indépendance de Ouagadougou. Cette rencontre a permis de faire le tour des problématiques du secteur. Le conseil burkinabè des chargeurs (CBC) en était l’organisatrice principale en partenariat avec HAROPA (association des ports du Havre, de Rouen et de Paris). Profitant de la présence des représentants CBC en Côte d’Ivoire, au Togo et au Bénin, nous les avons interrogés sur leur rôle, les difficultés auxquelles ils font face mais aussi l’importance d’une rencontre telle que TRANSLOG/Africa.
Moussa Ouédraogo représentant du CBC en Cote d’ivoire
Je représente le CBC dans le cadre de ses activités à savoir assister les opérateurs économiques dans l’acheminement des marchandises, entretenir des rapports qui puissent être profitables aux chargeurs avec nos partenaires du pays d’accueil, également suivre le trafic afin de pouvoir dresser des statistiques qui peuvent servir à la prise de décision au niveau de nos autorités. Voilà succinctement le rôle que nous jouons dans les pays d’accueil.
Quels sont les problèmes auxquels vous êtes confrontés en Cote d’ivoire ?
Les problèmes que nous rencontrons ne sont pas si différents de ce que vous pouvez constater dans les autres ports. C’est des problèmes de manque de fluidité, des problèmes liés aux difficultés de passage portuaire, comment faire pour que les marchandises ne séjournent pas longtemps dans les ports, comment faire pour éviter à nos opérateurs économiques de payer des coûts exorbitants qui ne feront qu’alourdir et renchérir les coûts au niveau de notre pays. Ce sont aussi des problèmes liés à la disponibilité des wagons, des problèmes liés aux tracasseries sur les routes…
Translog/Africa vient de se tenir à Ouagadougou, quelle appréciation faites-vous d’une telle rencontre ?
Le symposium est un cadre d’échanges pour la recherche de solution aux différents problèmes dont j’ai fait cas. Je dois dire que tous les thèmes ont été très intéressants. Nous avons assisté à des débats enrichissants et des recommandations ont été faites dans le sens d’apporter des solutions aux nombreux problèmes qui minent l’acheminement des marchandises. Donc globalement le symposium est un cadre qui permet à tous les intervenants dans la chaine des transports, à tous ceux qui sont impliqués dans l’acheminement des marchandises de discuter des problèmes auxquels ils font face, apporter des esquisses de solutions et nous souhaitons que ce genre de rencontre se fasse le plus souvent.
Avez-vous déjà une idée de ce que vous ferez pour que les recommandations de Ouagadougou ne restent pas dans les tiroirs ?
Au sortir de cette rencontre (ndlr : l’interview a eu lieu avant pendant le déroulement de Translog/Africa), nous verrons quelles sont les recommandations dont nous avons la charge de la mise en application. Il y a des questions qui ont été posées par rapport aux passages par les ports de Côte d’Ivoire surtout par les ports d’Abidjan. Et bien, si je retourne à Abidjan, je vais voir avec nos partenaires comment est-ce que nous allons apporter des solutions aux problèmes qui ont été évoqués lors de ce symposium et ça c’est du quotidien.
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Lassané Ouédraogo, Représentant du CBC au Togo
Quelle appréciation faites-vous de la tenue du symposium Translog/Africa ?
Ce symposium est une bonne chose parce qu’au cours de ce symposium, on a eu à traiter un certain nombre de questions qui constituent des problèmes que nous rencontrons tous les jours lorsque nous sommes au niveau du port. Que ce soit la question du guichet unique, la question de la charge à l’essieu, la question des ports, des tracasseries routières, nous rencontrons tous les jours les problèmes qui sont évoqués ici au niveau de ce symposium. Donc les idées qui ont été dégagées vont nous permettre de bien voir comment améliorer les choses avec les autorités portuaires. Avec par exemple le port de Lomé, il s’agira de voir comment améliorer les choses en fonction des idées qui ont été dégagées ici.
Quelles sont les problèmes rencontrés au niveau du port de Lomé ?
Au niveau du port de Lomé, il y a un certain nombre de problèmes que les opérateurs économiques rencontrent notamment la lourdeur et la lenteur dans les formalités administratives au niveau des opérations portuaires. Il y a souvent des retards au niveau de la manutention de certaines marchandises et qui occasionnent le payement de surestaries sur certains conteneurs que les gens vont chercher de Lomé vers Ouagadougou. On peut aussi dire que la route est en mauvais état. C’est vrai qu’aujourd’hui au niveau du Togo, il y a des projets de construction mais pour l’instant comme ces projets n’ont pas encore abouti il y a des difficultés. Par exemple il y a un projet pour contourner les failles d’Alézo qui est une préoccupation majeure pour les transporteurs mais en entendant que ce projet aboutisse pour le moment, le passage au niveau de la faille constitue un problème sérieux pour les transporteurs.
D’une manière générale, on peut dire que la voix n’est pas en bon état et ce problème est toujours évoqué par les transporteurs. On est chaque fois interpellé par rapport à l’état de la route le long du corridor.
C’est sur l’axe Ouaga-Lomé que se trouve le premier poste de contrôle juxtaposé de l’UEMOA, mais l’effectivité de la facilitation des procédures douanières ne semble pas être pour demain… C’est vrai que le poste de contrôle juxtaposé entre le Togo et le Burkina qui a été le premier poste conçu par l’UEMOA mais jusqu’à présent son application n’est pas effective parce qu’il y a un certain nombre de difficultés, une certaine harmonisation des procédures douanières au niveau du Togo et du Burkina qui n’est pas encore faite si bien que jusqu’à présent il y a des problèmes dans la mise en œuvre effective de ce poste de contrôle juxtaposé.
Que comptez-vous faire pour la mise en œuvre des recommandations de Ouaga ?
Les problèmes soulevés sont des problèmes que les opérateurs économiques et les chargeurs rencontrent tous les jours. Mais, les recommandations de Ouaga, ce n’est pas une seule personne qui pourra les mettre en œuvre. Au cours des différentes rencontres, il faut à chaque fois rappeler qu’il y a eu des recommandations pertinentes au niveau du symposium et qui devraint pouvoir faire avancer les choses au niveau par exemple de la facilitation dans les ports tout comme le long des corridors qui sont empruntés par les camions pour aller de Lomé vers Ouagadougou. Donc, lors des rencontres que nous allons avoir avec les autorités portuaires, nous allons leur rappeler la pertinence de certaines recommandations qui ont été dégagées ici afin d’amener les gens à aller vers l’application effective de ces recommandations.
Hervé Ilboudo, Représentant du CBC à Cotonou
Nous nous occupons du transit des marchandises burkinabè qui transitent par le port de Cotonou et effectivement nous rencontrons beaucoup de problèmes. Au niveau portuaire, nous avons des coûts qui sont assez élevés pour le transit des marchandises au niveau du port de Cotonou parce qu’il y a beaucoup de frais qui sont annexés aux frais normaux qui doivent être fait au niveau des ports. Nous avons également les tracasseries sur la voie. Il y a des barrages, beaucoup de points de contrôle. Ça handicape la fluidité du trafic au niveau du port de Cotonou.
Avez-vous pu évoquer ces problèmes au cours de ce symposium ?
Ce symposium a un thème global concernant la promotion des échanges au niveau de la sous-région africaine. Donc ça ne discute pas spécifiquement du corridor béninois, ça discute des problèmes de transport de façon globale mais nous pensons que c’est un forum assez intéressant. Les problèmes sont évoqués par ci par là et je crois qu’on peut espérer escompter avec des recommandations fortes qu’il y aura finalement des solutions à ces différents problèmes. Souvent, c’est l’application des recommandations qui pose problème… La mise en application pose souvent problème. Ce ne sont ni les propositions ni les recommandations qui manquent mais très souvent il y a la nécessité que les gens appliquent ce qu’ils ont pu avoir comme recommandations. Il faut une volonté politique. Ceux qui sont là, ce sont des acteurs mais il y a les décideurs. Et, les plus hautes autorités doivent s’impliquer dans la recherche de solution.
Propose recueillis par Moussa Diallo