Contrairement à ce qu’on veut faire croire, les populations de Borribana, dans leur majorité n’ont pas perçu 5 francs comme dédommagement. Ce sont plus de 200 ménages qui sont concernés, des propriétaires de cours, des locataires et des hébergés gratuit », a fait savoir Sylla Sekou, président de l’Ong Colombe Ivoire. Il a livré ces informations vendredi 26 avril 2019, lors d’une visite à notre Rédaction, à Marcory zone 4.
Il a souligné que le déguerpissement des populations est imminent, vu que des huissiers ont commencé à distribuer des mises demeure pour un déguerpissement. « Des personnes ont reçu le 16 avril 2019, des mises en demeure qui leur fait obligation de quitter les lieux dans les 8 jours qui suivent. En théorie, depuis le 24 avril, elles devraient être parties. Mais, comment partir quand on a rien perçu », s’est interrogé M.Sylla.
Il a ajouté que pour ceux qui ont reçu un dédommagement, le montant était souvent en dessous de ce qui est convenu. Plus grave, des paiements ont été fait de la main à la main, sans traçabilité.
Pis, ces personnes impactées courent le risque d’être des « Sans domicile fixe » puisque le recasement n’a pas encore été fait. « A ce jour, aucun propriétaire résident de Borribana n’a reçu de document attestant de sa propriété sur un site de recasement alors qu’ils sont éligibles au recassement », a-t-il insisté. Selon ses explications, les propriétaires qui ont opté pour un recassement devraient être relogé sur un autre site avant d’envisager leur déguerpissement. « Le fait de leur demander d’aller louer des maisons, aux frais du projet, n’exclut pas qu’on leur montre leur nouveau site d’accueil et qu’on leur donne des titres fonciers en attendant de construire leur maison », a-t-il soutenu.
Sylla Sekou a, en sus, fait remarquer que le quartier précaire de Borribana couvre 18 hectares et que seuls 6 ha sont situés dans l’emprise de ce pont. « Il ne faut pas que l’on profite de la situation pour déranger ceux qui ne sont pas concernés », a-t-il mis en garde.
Il en va de même pour d’autres propriétaires de bâtiment, au nouveau quartier extension, à Yopougon. « Plus de 3 ans que le projet est lancé, nous n’avons encore rien perçu. Il y a deux mois les responsables en charge du projet nous ont fait savoir qu’ils ouvriraient des comptes bancaire pour ceux qui n’en ont pas. Depuis lors, aucune nouvelle. Et, cela nous inquiète. D’autant plus qu’ils ont commencé à distribuer des mises en demeure pour un déguerpissement. Qu’on nous dise ce qui fait blocage. C’est bientôt les vacances scolaires. Qu’on nous indemnise pour qu’on partent avec les enfants », a plaidé Me Loa Sahigbeu, un propriétaire de cour.
Pour sa part, Issa Ouattara, coordonnateur du Projet de Transport urbain d'Abidjan (Ptua) que nous avons joint le lundi 29 avril 2019, a fait savoir que sur 70 personnes éligibles au recasement, à Borribana, 15 ont été relogées. « Nous exhortons ces personnes à trouver des logements. Nous leur donnerons les moyens pour louer une maison et nous paierons 10 mois de loyer. Ces 70 personnes ne sont pas concernées par les mises en demeure », a-t-il rassuré. Toutefois, M. Ouattara a indiqué que tous ceux qui ont perçu une indemnisation sont priés de libérer l’emprise du projet dans les meilleurs délais. C’est d’ailleurs le sens des mises en demeure qui ont été distribuées. « Des que le bailleur de fonds donne son Ok, nous allons procéder au déguerpissement des populations. Puisqu’on a donné aux gens des ressources pour aller se reloger ailleurs, ils ne peuvent pas continuer d’habiter dans cette zone », s’est-il voulu clair. Concernant les plaintes, le coordonnateur du Ptua a fait savoir que des cellules de plaintes sont ouvertes dans les différentes zones. « Si quelqu’un a un grief, qu’il se rende dans ces cellules qui vont recueillir leurs plaintes et nous les faire remonter », a-t-il conseillé.
Pour ce qui est des populations de nouveau quartier extension, M. Ouattara a reconnu que le projet a connu un retard. Mais qu’un cabinet a été mandaté pour organiser le recensement complémentaire. Quant au dédommagement, il a été demandé aux personnes bénéficiant d’un million de francs Cfa et plus d’ouvrir un compte bancaire dans lequel cet argent sera viré. Pour les montants en dessous, les bénéficiaires seront payés de la main à la main.
Jonas BAIKEH