Faute de pièces en provenance du Japon, l'industrie automobile mondiale commence à être touchée
leParisien
Posté le: 24 mars 2011
L'industrie automobile mondiale commence à ressentir les conséquences directes de l'arrêt de la production dans un grand nombre d'usines japonaises frappées par le séisme, le tsunami ou l'accident nucléaire de Fukushima. Les constructeurs de l'archipel mais également les autres firmes automobiles dans le monde entier, dépendant de fournisseurs nippons, vont peut-être bientôt être également à l'arrêt, faute d'approvisionnement en pièces détachées.
Hier, le constructeur automobile Volvo a indiqué ne pas avoir de stock garanti au delà de dix jours en Europe de certaines pièces détachées venant de sous-traitants japonais. "Il s'agit principalement de pièces électroniques, des systèmes de navigation ou des systèmes audio", a indiqué à l'AFP Per-Aake Fröberg, porte-parole de la marque suédoise. Les usines de Göteborg en Suède et de Gand en Belgique, pourraient en cas de pénurie devoir réduire la production ou plus probablement monter après coup les pièces manquantes sur les voitures.
Aujourd'hui, c'est au tour du constructeur automobile américain General Motors (GM) d'annoncer qu'il mettrait à l'arrêt la semaine prochaine une usine de Louisiane (sud des Etats-Unis), faute de pièces détachées importées du Japon. "GM a décidé de suspendre la production à l'usine d'assemblage de Shreveport pour la semaine du 21 mars en raison d'une pénurie de pièces résultant de la crise au Japon", a indiqué le constructeur dans un communiqué."Nous reprendrons la production à Shreveport dès que possible, et à ce stade nous avons suffisamment de véhicules pour répondre à la demande des clients", a-t-il ajouté. "Dans toutes les autres usines d'Amérique du Nord, nous continuerons les opérations normales", a encore ajouté GM. Cette usine emploie 923 personnes, qui produisent des pick-up Chevrolet Colorado et GMC Canyon.
Samsung, filiale à 80,1% de Renault, va également devoir ralentir la production sur son site de Busan, en Corée du Sud, faute de recevoir des moteurs et des boites de vitesse du Japon, a indiqué un porte-parole de Renault, ce qui va entraîner une baisse de sa production de 20 à 30%". Ce site où travaillent 2 500 personnes, a une capacité de production mensuelle de 20.000 véhicules et produit des SM3, des SM5 (qui sert de base à la Renault Latitude), SM7, des Fluence et des Koléos, selon le site internet de Renault.
Le séisme n'a en revanche pas d'impact sur les autres sites du groupe, a précisé le porte-parole. Les pièces en provenance du Japon sont en effet acheminées par bateau en Europe, ce qui offre un délai de quatre à six semaines "pour trouver des solutions" en cas d'éventuels problèmes d'approvisionnement. Ce matin, dans nos colonnes, Toyota France tenait le même discours tandis que PSA affirmait disposer d'un « stock de sécurité ».
En admettant que les sous-traitants japonais reprennent leur production dans les jours à venir, il reste tout de même la question, plus inquiétante, de la radioactivité des pièces et des voitures destinées au marché mondial. L'Union européenne a bien recommandé aux Etats membres de procéder à des contrôles de radioactivité sur les aliments importés du Japon. Alors pourquoi ne pas imaginer que les produits manufacturés le soient aussi. D'ailleurs, le constructeur automobile japonais Nissan vient d'annoncer qu'il allait tester les véhicules sortis de ses chaînes au Japon pour s'assurer qu'ils n'ont pas été contaminés après l'accident dans la centrale nucléaire de Fukushima. "Nous allons continuer de prendre toutes les mesures appropriées pour rassurer le public sur le fait que tous nos produits sont conformes aux niveaux de sûreté recommandés", a indiqué Nissan dans un communiqué. Les tests se poursuivront "jusqu'à ce que nous soyons sûrs que tout risque de contamination a été écarté", a ajouté le constructeur. Une précaution nécessaire car il serait tout de même peu pratique et sans doute dangereux que les automobilistes revêtent une combinaison NBC pour conduire.