Il est 8h ce samedi. De nombreux policiers sont en faction dans les différentes communes de la capitale économique ivoirienne. Par groupe de cinq, six ou sept, on les voit héler des taxis compteurs. Que se passe-t-il ? Renseignements pris, les policiers ont décidé de traquer les taxis ou véhicules non en règles et qui s'adonnent au transport intercommunal. Les taxis sont alors sifflés par les policiers. On parlemente, on s'énerve au point d'en venir aux mains dans certaines communes. A Adjamé, non loin de la gare Sotra jouxtant le camp de gendarmerie d'Agban, un taximètre vient de se faire héler. Il gare sur le côté et attend un des agents qui tarde à venir, car s'occupant de plusieurs véhicules à la fois. Trois minutes après, il se trouve à côté du chauffeur. «Bonjour monsieur. Police nationale. Puis-je avoir les papiers afférents au véhicule ? », demande le sergent. «Voici mes papiers », lui répond le taximètre. L'homme en tenue parcourt les pièces qui sont en sa possession. « Chauffeur, il manque le papier de l'Agetu (Ndlr : Agence des transports urbains). Vous n'avez que la carte de ville ou de stationnement. Donc défaut Agetu, votre voiture sera mise en fourrière, suivez-nous », indique le policier au taximètre. Ce dernier sort de son véhicule en expliquant au policier que cela ne lui a jamais été signifié. « On nous a dit que c'est la carte de ville ou carte de stationnement qui est valable et que la carte Agetu n'existe plus. Raison pour laquelle mon patron n'a pas daigné prendre une carte de ville. Et c'est la marie centrale qui nous l'a dit. Moi je ne comprends plus rien », dit le taximètre au policier. Mais l'agent de police ne s'en laisse pas conter. « Ah bon ! Et pourtant il y a des taxis qui sont en règles et qui possèdent la carte de ville ou de stationnement. Ne me raconte pas d'histoires mon ami. Tu vas nous suivre à l'école de police et l'on va te délivrer un papillon », précise le sergent de police. Ce, cas, il y en a eu à la pelle samedi et dimanche derniers. Et le constat a été fait à Treichville, Koumassi, Port-Bouët, Cocody, etc. A l'école de police de Cocody, au District de police d'Adjamé, non loin de Fraternité Matin, des véhicules y sont en fourrières. Au niveau des gares, le spectacle est triste. Les taxis wôrô wôrô sont quasiment inexistants. Idem pour les véhicules dits banalisés. Mais pour des chauffeurs de taxis, cela est de la poudre aux yeux. «C'est à nous les pauvres taximètres qu'ils s'en prennent alors que les véhicules ''banalisés'' continuent de rouler. Je viens de l'école de police. J'ai pu dénombrer une centaine de taxis alors que les véhicules banalisés ne valaient pas 15. C'est inadmissible quand on sait que ce sont eux qui essaiment dans toutes les communes», déplore Koné Moussa, chauffeur de taxis rencontré non loin de l'université Felix Houphouët Boigny. Pour beaucoup de taximètres, ce n'est pas parce qu'il y a menace de grève que les agents des forces de l'ordre vont faire croire qu'ils font leur travail maintenant. « Cela fait plusieurs mois que les véhicules ''banalisés'' devaient être interdits au transport tant qu'ils ne sont pas en règle. Mais c'est maintenant que l'on fait semblant de travailler. Et cela, c'est pour combien de temps ? », fait remarquer un autre chauffeur qui se trouve être l'ami de Koné M. Une source policière quant à elle nous fait savoir que depuis le 15 juillet 2013, les forces de sécurité se sont mises en branle et au moins 200 véhicules dits ''banalisés'' ont été mis en fourrière. « Vous savez, les gens disent des choses qu'ils ne maîtrisent pas », coupe notre policier. La grève des transporteurs est prévue à compter de ce jour, jusqu'au 30 août 2013. Cette sortie musclée des policiers va-t-elle attendrir les transporteurs au point de renoncer à ce mouvement d'humeur qu'ils comptent mettre à exécution ce jour ? Vont-ils entendre raison et donner une autre chance aux autorités de ce pays ? Vont-ils éviter de faire souffrir la population ? Wait and see.
Jean Eric ADINGRA