Le Japon se fraie un passage dans le marché des investissements en Côte d’Ivoire. L’empire nippon est en train de devenir un des partenaires qui compte dans les initiatives de développement sur le terrain ivoirien.
Après l’inauguration de l’échangeur de l’amitié ivoiro-japonaise sur le boulevard Giscard d’Estaing à Abidjan-Treichville, financé à plus de 28 milliards pour une facture globale de 32,5 milliards soit 80% par la coopération japonaise (JICA), trois autres échangeurs sont en vue sur le boulevard Mitterrand, dans la commune de Cocody. Ces ouvrages bénéficieront d’une contribution financière de plus de 80 milliards de FCFA de la part du Japon.
Jeudi, les travaux de construction du nouveau Terminal céréalier du port d’Abidjan ont été lancés. Un projet de plus de 60 milliards de FCFA. Là aussi, le financement est à plus de 80% japonais.
«Considérant l’amélioration des infrastructures comme étant primordiale à tout développement économique, le Japon appuie activement l’aménagement des routes et ports urbains», explique Kuramitsu Hideaki, ambassadeur du Japon en Côte d’Ivoire.
Ce qui n’échappe pas à tout observateur est qu’il y a captation de marchés pour les groupes japonais. Les projets financés par le Japon sont des «contrats liés» en ce sens qu’ils sont prioritairement concédés à des groupes japonais pour exécution. L’échangeur de l’amitié ivoiro-japonaise a été réalisé par le groupe DAIHO, tandis que le chantier du Terminal céréalier du Port d’Abidjan échoit à TOA Corporation.
Bousculer le rival chinois
Les ambitions japonaises enflent de plus en plus, quitte à bousculer d’autres géants qui grignotent les marchés en Côte d’Ivoire. Parmi eux, la Chine.
Beijin apporte plus de 1000 milliards de FCFA pour la construction du deuxième terminal à conteneurs au Port d’Abidjan, long de 1200m pour 18m de profondeur. Ce projet complète l’élargissement du Canal de Vridi livré en février 2019 et qui a coûté 150 milliards de francs CFA), dont 85% issus d'un prêt de la banque chinoise Eximbank.
Selon Dr Franck Ebogo enseignant à l’université de Yaoundé, «le Japon a moins de pénétration dans un certain nombre de pays africains. Mais contrairement à la Chine sur laquelle pèse un certain nombre de soupçons - on parle de recolonisation du continent africain - le Japon est un partenaire qui rassure un certain nombre d'Etats africains».
L’un des éléments qui rassure est transfert de compétences. Au port d’Abidjan par exemple, pour les travaux du Terminal céréalier, la méthode des palplanches en acier, qui est la technologie japonaise d’infrastructure sera utilisée pour raccourcir les délais et réduire les coûts de construction.
C’est aussi l’intérêt du projet d’implantation d’une unité de montage de véhicules de marque Toyota à Abidjan. La convention a été signée au Japon, fin août 2019, en marge de la 7e conférence internationale de Tokyo sur le développement (TICAD). Un autre instrument de diplomatie conquérante nippone.
Célestin KOUADIO
c.kouadio@acturoutes.info