Après l’inauguration du pont Henri Konan Bédié le 16 décembre 2014, puis du pont de Bouaflé le 15 janvier 2015, le président Alassane Ouattara a procédé, le samedi 21 mars 2015, à l’inauguration du pont de Jacqueville, après 65 ans d’attente des populations de la région des 3A (Alladjan, Avikam et Ahizi).
Il s'agit d'une infrastructure fruit de la coopération entre deux pays du Sud, la Côte d'Ivoire et l’Égypte, mais aussi deux pays qui entretiennent des relations séculaires d’amitié et de fraternité.
D'un coût de plus de 20,335 milliards de Fcfa, cet ouvrage baptisé pont Philippe Grégoire Yacé, en mémoire de ce fils de la région, mesure 608 mètres. En livrant cette infrastructure aux populations de Jacqueville, le président Ouattara a rappelé que la construction de cet ouvrage a généré 300 emplois permanents et 200 emplois occasionnels. Insistant que ces populations ont longtemps souffert de l'enclavement de leur région, Alassane Ouattara a indiqué que cette infrastructure arrive comme une sorte de libération pour ce peuple. A ce titre, le chef de l’État a mentionné que pour tout ce sacrifice consenti par cette population, contrairement aux informations véhiculées, le pont Philippe Grégoire Yacé n'est pas à péage. « Ce pont n’est pas un pont à péage, parce que nous vous le devons. Parce que Jacqueville a fait d’importants sacrifices pendant 65 ans, et ce n’est qu’un juste retour des choses. Ce pont n’est pas à péage. L’objectif, c’est de désenclaver le département de Jacqueville, et il permettra de renforcer les acquis et de mettre en valeur toutes les potentialités du département. Nul doute qu’avec la réduction de la durée du trajet et de l’accroissement du trafic, Jacqueville prendra véritablement son essor », a affirmé le président de la République, convaincu qu'avec ce pont, Jacqueville est désormais dotée de tous les atouts pour son émergence. Justifiant le baptême de ce pont du nom de Philippe Grégoire Yacé, le chef de l’État a expliqué qu'il s'agissait pour lui de rendre ainsi hommage à un grand serviteur de la Côte d’Ivoire. « Le président Philippe Grégoire Yacé était un homme de consensus, une intelligence, toujours dans le sens de faire en sorte que les choses avancent entre nous les Ivoiriens. En nommant ce pont Philippe Grégoire Yacé, cela est le fruit de la persévérance et de la réconciliation », a indiqué le chef de l'Etat.
Alassane Ouattara n'a pas passé sous silence la contribution de ses prédécesseurs dans le cadre de la réalisation de cette infrastructure. « En 1999, le président Henri Konan Bédié avait prévu de construire ce pont. Et bien évidemment, le coup d’Etat ne l’a pas permis. Mais avant, en 1993, alors que j’étais Premier ministre du président Félix Houphopuet-Boigny, nous avions envisagé la construction de ce pont. En 2009, l’ancien président, Laurent Gbagbo, avait pris également l’engagement et essayé de démarrer les travaux de construction de ce pont. Ce pont est un symbole. Toute la lignée politique de la Côte d’Ivoire, à savoir Félix Houphouet-Boigny, Henri Konan Bédié, Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara, a apporté sa contribution à la réalisation de cette infrastructure », a salué le chef de l'Etat.
Le paiement de la part de l’État, pour la réalisation de cette infrastructure, faut-il le noter, est financé sur ressources propres du gouvernement ivoirien pour un montant d'un peu plus de 7 milliards de Fcfa et sur un appui budgétaire du Contrat de désendettement et de développement (C2d), conclu avec le gouvernement français. Ainsi que le financement de la Banque ouest-africaine de développement (Boad), de la Banque arabe pour le développement économique en Afrique (Badea) et du Fonds de l’Opep (Organisation des pays exportateurs de pétrole), partenaires financiers au projet. Les travaux ont été réalisés par l’entreprise égyptienne, Arab contractor.
Le Premier ministre de la République arabe d’Égypte, SEM Ibrahim Mahlab, les responsables de l'entreprise de construction du pont, les partenaires financiers au projet, le directeur général de l'Agence de gestion des routes (Ageroute), Bouaké Fofana ont reçu la reconnaissance de l’État ivoirien, pour le travail abattu dans le cadre de la réalisation de cette infrastructure, à travers des distinctions.
Le ministre des Infrastructures économiques, Patrick Achi, cheville ouvrière de cette infrastructure d'envergure, a retracé les péripéties qui ont entouré la réalisation de cet ouvrage. « L'accouchement de ce pont s'est fait dans la douleur », a-t-il fait savoir, avant de noter au nombre des difficultés qui ont entouré sa réalisation, des écarts financiers à combler, la crise socio-politique en Côte d'Ivoire, suivie d'une crise socio-politique en Égypte, avec des changements d'équipes de projets, des pluies diluviennes à des moments critiques du chantier, des grèves de personnel occasionnant mort d'homme. « Malgré toutes ces péripéties, Monsieur le président, vous y avez toujours cru. Usant de votre diplomatie, de vos relations privilégiées avec les bailleurs de fonds, vous avez su poser les actes déterminants pour combler les gaps financiers et relancer la machine, mettre même la main à la poche de l’État pour décaisser les deux derniers milliards de Fcfa supplémentaires nécessaires pour l'achèvement des travaux », a confié le ministre Patrick Achi.
L'hommage à Grégoire Yacé, Dagri Diabaté et des fils de la fégion
Cette cérémonie d'inauguration du pont de Jacqueville a été l'occasion d'hommage aux filles et fils de cette région. Le président Philippe Grégoire Yacé, un des fidèles compagnons du président Félix Houphouet Boigny (Fhb). Il a été à la tête de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire de 1960 à 1980 et du Conseil économique et social (Ces), de 1985 jusqu’à sa mort, en 1998. Alassane Ouattara l'a présenté comme un modèle pour le Premier ministre qu'il était à cette époque. ... suite de l'article sur L’Inter