Insécurité/Plus de 3000 voitures arrachées, les démarches pour les retrouver
Soir Info
Posté le: 26 mai 2011
La récupération des voitures volées lors des pillages survenus lors de la crise post- électorale est le souci de la « Commission véhicules », mise en place par le cabinet du Premier ministre Guillaume Soro. Le colonel Aké Marc et ses hommes, aidés par des structures étatiques, sont à pied d'œuvre pour retrouver ces véhicules emportés.
Logée à l'Ecole de police sise à Cocody, la « Commission véhicules » a été expressément chargée de retrouver, dans un délai d'un mois, tous les véhicules volés ou arrachés à leurs propriétaires. La restitution de ces biens à leurs propriétaires participe des efforts de pacification du pays. Pour ce travail titanesque, la commission suivra deux étapes. La première consistera à mener des investigations sur l'ensemble du territoire national afin de rechercher ou d'identifier les endroits où se trouvent lesdits véhicules. La deuxième sera la récupération des voitures et leur restitution aux propriétaires. Pour ce travail qui nécessite du personnel conséquent, la commission dispose de 80 personnes, toutes issues des rangs des officiers supérieurs de l'armée ivoirienne. Chacun d'eux a été investi d'une mission qui va de l'investigation sur le terrain, à la récupération des voitures retrouvées en passant par le contentieux, la déclaration et la main levée sans oublier la logistique. Mais l'ampleur de la mission confiée à l'équipe dirigée par le colonel Aké, nécessite des apports extérieurs. Conscient de cela, le cabinet du Premier ministre qui chapeaute l'opération a donné carte blanche à la commission pour solliciter le concours de la direction générale de la police nationale. Le savoir-faire des policiers sera déterminant dans la recherche et la récupération de ces biens volés. En effet, dans le cadre de cet appui, le Général Brindou N'bia mettra à la disposition de la commission, ses éléments en fonction dans les 11 préfectures et 6 districts de police du pays. Agents de terrain et mieux outillés, ces éléments seront d'un apport appréciable dans cette traque aux véhicules subtilisés que va mener le « commando » du colonel Aké Marc. Les Forces républicaines de Côte d'Ivoire (Frci) qui contrôlent l'intégralité du territoire national, joueront aussi leur partition. Elles sont appelées à plus de vigilance dans les contrôles de routine aux frontières afin de mettre la main sur tout véhicule dont l'identité est suspecte.
Verrouillage du système de mutation
En clair, ce sont elles qui constitueront les derniers remparts contre la sortie du pays de ces véhicules. Les chefs des Frci assureront la supervision de cette opération dans leurs zones d'influence respectives. Cette stratégie qui a montré, dans un passé récent toute son efficacité, sera tout simplement reconduite.
Une centaine de voitures volées en partance pour le centre et le nord, a été interceptée notamment à Yamoussoukro, Bouaké et Korhogo. Une mission sera envoyée par la commission pour l'identification desdits véhicules en vue de leur acheminement sur Abidjan. Dans la capitale économique, plus de mille voitures arrachées à leurs propriétaires ont été retrouvées par la commission et le ministère de l'Intérieur. Dans la recherche des véhicules volés pendant la crise, la Société nationale des transports terrestres (Sonatt) a été fortement mise à contribution. Chargée de la base de données des véhicules immatriculés en Côte d'Ivoire, la Sonatt a reçu pour mission de prendre toutes les dispositions pour verrouiller le système de mutation des véhicules volés. Pour mieux jouer son rôle, cette société étatique s'appuie sur ses représentations implantées sur l'ensemble du territoire national. Des consignes ont été données aux agents afin qu'aucune carte grise ne soit délivrée à qui que ce soit en dehors du propriétaire légal. Pour ce faire, la commission a mis à la disposition de la société, les fichiers des véhicules volés et signalés. Cependant pour lutter efficacement contre les mutations frauduleuses, les personnes dont les véhicules ont été « arrachés » sont invitées à se rendre dans les différentes représentations de la Sonatt implantées sur l'ensemble du territoire national pour procéder à une opposition à mutation. Une fiche comportant des renseignements à savoir : le numéro d'immatriculation de la voiture, le numéro de série, la marque, la couleur, le nom du propriétaire, celui du demandeur de l'opposition, le contact et surtout la date et le lieu du vol, est à remplir obligatoirement. En plus, le demandeur de l'opposition doit fournir la photocopie de la carte grise ou de l'extrait de la carte grise de la voiture volée, celle de la pièce d'identité du demandeur, du propriétaire et la photocopie du registre de commerce pour les personnes morales.
Temps et moyens insuffisants
A ce propos, il faut d'abord que les personnes dépossédées de leurs voitures signalent le vol auprès de la commission véhicules, en remplissant les différentes formalités. Les victimes de ces vols qui sont à l'intérieur du pays peuvent le faire à travers les numéros verts mis en place par la commission. S'agissant des déclarations de perte, la commission en a déjà enregistrées plus de 3000. Selon son président, toutes les précautions prises par les structures impliquées dans la recherche et la récupération des véhicules « arrachés » visent à « poser des balises afin d'éviter que de petits malins ne se fassent passer pour des victimes ». En effet, fait-il savoir, il s'agira à moyen terme, comme l'a indiqué le président de la République, de dédommager tous ceux qui ont été dépossédés de leurs engins. Par ailleurs, pour bénéficier de ce dédommagement, les victimes sont appelées à commettre un spécialiste pour l'expertise de leur voiture si celle-ci a été endommagée. Tous les véhicules retrouvés dans le cadre des recherches effectuées par la commission, seront parqués à l'école de police. Un chef de parking veillera au grain afin que seuls les vrais propriétaires rentrent en possession de leurs biens. Le colonel Aké Marc a cependant un souci et non des moindres: c'est le temps qui lui est imparti pour accomplir cette tâche herculéenne. Un mois lui paraît, en effet, insuffisant. Il suggère plutôt un délai plus raisonnable d'un an, comme ce fut le cas lors du coup d'Etat de 1999. En plus du délai à revoir, la commission a besoin de moyens logistiques appropriés, notamment des véhicules, pour plus d'efficacité dans les investigations. Tout cela nécessite un budget conséquent. Comme on peut le constater, la traque aux véhicules arrachés n'est pas une sinécure. Faute de moyens adéquats, la volonté des nouvelles autorités du pays de restituer aux citoyens les biens dont ils ont été spoliés, risque d'être un vœu pieux. La commission qui n'a pas attendu d'avoir en sa possession tous les moyens qu'elle souhaiterait, s'est déjà mise à l'ouvrage depuis le 5 mai 2011, tout en espérant que les promesses seront suivies d'effets.
Elysée YAO.