La crise est-elle passée ?
Autodeclics
Posté le: 03 mars 2011
Les chiffres de vente du mois de mars et les rebonds boursiers du secteur automobile témoignent d’un redressement spectaculaire du marché. Faut-il y voir la fin de la crise ?
Les pays développés ont réagi rapidement au marasme secouant l’industrie automobile et ses filières. La France a été l’une des premières à instaurer un plan de relance destiné à soutenir ses constructeurs et à stimuler le marché. Aux bonus écologiques déjà en place, se sont ajoutées les primes « à la casse » relayées par les réseaux de distribution des marques (voir Autodéclics – Décryptage de décembre 2008). Ses voisins européens, l’Italie et l’Allemagne notamment, ont suivi le mouvement tandis que le nouveau gouvernement américain mettait en œuvre un plan drastique de sauvetage de ses constructeurs moribonds.
Les effets bénéfiques des mesures gouvernementales
Les effets enregistrés au terme du mois de mars s’avèrent positifs : les ventes de voitures neuves ayant augmenté de 8,1 % en France, de 0,2 % en Italie et de 40 % en Allemagne. Ce score outre-Rhin s’explique par la crainte des consommateurs germaniques de voir la prime à la casse diminuée ou stoppée rapidement. Il est donc indéniable que ces incitations ont motivé les acheteurs même si les chiffres doivent être nuancés par des retards de livraisons de commandes précédentes et par des ventes aux sociétés de location. Inversement, les pays qui, comme l’Espagne, n’ont pas adopté ces mesures, voient leurs immatriculations poursuivre leur chute. Aux Etats-Unis, la situation est toujours catastrophique avec une baisse de 37 % en mars malgré les signes politiques et les actions promotionnelles. Mais les experts américains s’accordent à penser que la récession a atteint son seuil le plus bas et que les ventes devraient donc reprendre à brève échéance, la dépendance des consommateurs à l’automobile étant plus forte dans ce pays que partout ailleurs.
Cette embellie a rassuré les marchés financiers qui tablent sur le fait que le premier secteur touché par la crise (avec l’immobilier) sera le premier à se redresser. La plupart des cours en bourse des constructeurs se sont en effet envolés le mois dernier : + 102 % pour Renault et + 88 % pour Fiat notamment; mais les autres ont aussi progressé sur les différentes places : BMW en Allemagne (+ 41%), Ford aux USA (+ 79%), Mazda et Nissan au Japon (+ 63 et 53%) et Kia en Corée (+ 46%). En moyenne, les cours ont cru de 38% en mars. Toyota et Volkswagen sont jugés solides financièrement et apparaissent comme ceux qui résistent le mieux et seront donc les mieux placés le moment venu. Volkswagen jouit en outre de l’effet de levier de son association avec Porsche, le constructeur le plus rentable en 2008, qui est parvenu à finaliser son opération de rachat de VW avant la crise et qui laisse entrevoir de bonnes perspectives de croissance avec l’arrivée de sa berline Panamera et de ses motorisations Diesel sur le Cayenne.
Le récent Salon de Genève, en mars dernier, a corrigé l’impression de « fin du monde » ressentie lors du Salon de Détroit, capitale historique de la première industrie mondiale. L’événement Suisse a certes confirmé l’engouement pour les petites voitures économiques et les énergies durables, mais il a également démontré le dynamisme et la confiance des marques de prestige qui se sont déclarées satisfaites des commandes enregistrées, à l’instar de Rolls-Royce, qui a pris des réservations fermes sur son futur modèle, la 200EX, surnommée la « Baby Rolls » en raison de sa taille plus petite que la gamme habituelle, mais proposée à compter de 2010 à 220 000 euros tout de même… Fort de son augmentation de 20% de ses ventes en 2008, la filiale britannique de BMW affiche une relative sérénité. Aston Martin se porte tout aussi bien et ne cesse de multiplier les concepts et les nouveaux modèles, quasiment vendus avant même d’être produits. Bentley, Ferrari et Lamborghini, plus discrets, laissent cependant aussi entendre qu’ils sont confiants.