Le gouvernement chinois tente de familiariser ses concitoyens à la voiture électrique
zegreenweb.com
Posté le: 06 juillet 2011
Malgré sa position impopulaire de premier pollueur mondial, la Chine a su se faire remarquer à maintes reprises par ses initiatives vertes. On a pu voir notamment une percée remarquable des énergies renouvelables dans l’Empire du Milieu, et depuis un peu plus d’un an c’est à la voiture électrique que Pékin fait de l’œil.
Compte tenu des prévisions de croissance, la Chine espère pouvoir verdir son parc automobile afin de – si ce n’est pouvoir réduire – limiter ses émissions de gaz à effet de serre (GES). Les autorités ont ainsi affecté pas moins d’1,5 milliard de dollars (1,03 milliard d’euros) à l’industrie automobile d’ici 2020, espérant pouvoir ainsi se classer parmi les premiers constructeurs de véhicules électriques au monde.
Les motivations du gouvernement n’ont cependant qu’un impact relatif auprès des populations, qui ne semblent pas particulièrement attirées par la voiture décarbonée. Président de Dunne & CO., cabinet de conseil à Hong Kong, Michael Dunne estime que « le consommateur chinois est au final très pragmatique et veut une voiture fiable avec un moteur à essence [...] Les chinois ne veulent pas être ceux qui expérimentent ». Un diagnostic qui ne souffre aucune ambiguïté.
Pékin ne fléchit pas pour autant, trois ans après avoir lancé un vaste programme d’insertion du véhicule green dans le pays. Parmi les treize villes qu’il a retenues pour structurer ce dessein, Shenzhen fait l’objet d’un projet pilote original : familiariser les citoyens à la voiture électrique par son utilisation dans les sociétés de taxis. Le groupe Pengcheng E-taxi comptait par exemple cinquante modèles électriques l’an passé.
Prix élevés, manque d’infrastructures, défaillances…
Selon les conducteurs de cette entreprise, la réponse du client est on ne peut plus satisfaisante. Gérant de la société, Du Jan pointe quant à lui des principaux défauts qui mettront incontestablement un frein au déploiement des véhicules électriques à échelle nationale. Le prix est selon lui l’obstacle majeur, lesdites voitures restant trop coûteuses malgré les subventions allouées par l’Etat. Modèle dominant des taxis à Shenzhen, le Volkswagen Santana coûte environ 10 650 euros, soit plusieurs milliers d’euros de moins que son nouveau concurrent.
Du Jan souligne également un manque considérable de stations de chargement, d’où des déploiements retardés. Une défaillance a été relevée en avril dernier sur un des trente taxis électriques déployés dans la ville de Hangzhou, autre participante à ce projet de “familiarisation”. Un feu s’est déclaré au niveau du capot de la voiture, accréditant la thèse récemment publiée dans un rapport de l’INERIS (Institut national de l’environnement industriel et des risques) avertissant de la possibilité de ce type d’anomalies du fait des batteries électriques.
Le défi du gouvernement chinois pour la transition verte de son parc automobile reste en somme le même que partout ailleurs. Celle-ci s’avérera compliquée – dans tous les cas plus lente qu’escompté – sans nouveaux investissements conséquents dans les infrastructures et des subventions encore plus attirantes pour intéresser directement le consommateur. Sans compter que le prototype électrique doit encore faire ses preuves.
Par jessica rat
Crédits photos : flickr - Hugo90, JOHN LLOYD / mariordo59