Abidjan (Côte d’Ivoire) - Le racket ou l'extorsion de fonds sur les routes ivoiriennes par les forces de l’ordre a fait perdre en 2014, plus de 340 milliards FCFA à la Côte d’Ivoire, révèle une étude financée par la Banque mondiale et réalisée par l’Ecole nationale supérieure de statistique et de l’économie appliquée (ENSEA).
Dans un communiqué transmis à APA mercredi, l'Organisation non gouvernementale (ONG) internationale de défense des droits de l'homme Human rights watch (HRW) invite le gouvernement Ivoirien à relancer ses efforts pour « lutter contre l'extorsion aux barrages routiers par les forces de sécurité qui reste un grand problème en Côte d'Ivoire ».
« L'extorsion par les forces de sécurité aux barrages routiers reste un grand problème en Côte d'Ivoire, quatre ans après que le gouvernement du Président Alassane Ouattara ait pris l'engagement d'y mettre fin », estime l'ONG internationale.
« Une étude financée par la Banque mondiale et réalisée en 2014 par l'Ecole nationale supérieure de statistique et d'économie appliquée a estimé le coût annuel total de l'extorsion de fonds sur les routes pour l'économie de la Côte d'Ivoire à 340,5 milliards F CFA (567 millions de dollars US) un montant extraordinaire, bien que moindre que les 369,6 milliards F CFA (616 millions de dollars US) perdus du fait de l'extorsion en 2012 », explique-t-elle.
« Le gouvernement ivoirien devrait relancer ses efforts pour lutter contre l'extorsion aux barrages, qui porte atteinte à la liberté de mouvement et au droit de propriété des conducteurs et des résidents en Côte d'Ivoire », ajoute Human rights watch.
La grande majorité des personnes interrogées a déclaré que l'extorsion a diminué à Abidjan et sur les grandes routes parcourues par les hommes d'affaires et investisseurs étrangers, mais reste généralisée sur les routes secondaires dans les zones rurales.
« Le problème est particulièrement grave dans le Nord, où Human rights watch a mené des recherches en octobre 2014 ainsi que dans l'Ouest qui possède une concentration relativement élevée des forces de sécurité, compte tenu des risques d'incursions et de criminalité transfrontalières », explique Human rights watch.
Dès son accession au pouvoir en 2011, le Président Alassane Ouattara a pris des mesures systématiques pour lutter contre le racket, mais selon Human rights watch, ces initiatives ont eu un impact limité.
« Il y a eu peu d'enquêtes sur les agents de niveau supérieur impliqués dans l'extorsion ainsi qu'un manquement de poursuites systématiques pour des cas impliquant des agents subalternes des forces de sécurité », précise le rapport.
Une grande partie des actes d'extorsion que Human Rights Watch a documentés dans l'Ouest de la Côte d'Ivoire sur les routes avoisinantes de Duékoué, Guiglo et Bloléquin s'est produite à des barrages non autorisés occupés par des policiers, des gendarmes et des soldats.
Alors que les forces de sécurité dans l'Ouest de la Côte d'Ivoire affirment qu'une présence accrue sur les routes est nécessaire pour lutter contre le banditisme, « cela n'excuse pas l'extorsion de fonds », conclut Human rights watch.