SCIENCES - Le satellite lancé en 2009 est au bord de la panne sèche, mais le risque pour les Terriens est très faible...
Lancé en 2009 pour mesurer la gravité de notre planète, le satellite GOCE, au bord de la panne sèche, va achever son périple en s'y écrasant, un retour fracassant dont on ignore encore le jour et le lieu, mais que les experts jugent très peu risqué pour les Terriens.
Selon les dernières estimations de l'Agence spatiale européenne (ESA), vendredi, son réservoir de 41 kilos ne contenait plus que 350 grammes de xénon, un gaz rare.
Une pression minimum de 2,5 bars dans le réservoir est normalement nécessaire au système de propulsion, et elle est descendue juste en dessous, a précisé à l'AFP Christoph Steiger, chef des opérations de GOCE. «Le moteur fonctionne toujours, mais cela signifie que nous sommes très près de la fin», a-t-il ajouté.
260 km d'altitude
En théorie, la pression dans le réservoir devrait tomber à 0 au plus tard le 26 octobre, mais le moteur peut désormais s'arrêter à tout moment d'ici là.
Long de 5,3 mètres et pesant plus d'une tonne, GOCE tournait à l'origine sur une orbite extrêmement basse, seulement 260 km d'altitude, pour cartographier le champ de gravité terrestre et fournir aux scientifiques des données cruciales afin d'étudier l'évolution du climat ou les séismes.
Ces données ont notamment été exploitées pour créer la première carte mondiale à haute résolution de la frontière entre la croûte et le manteau de la Terre, le Moho. GOCE a aussi pu détecter des ondes du violent séisme qui a frappé le Japon le 11 mars 2011.
La mission était initialement prévue pour durer 20 mois, mais l'ESA avait décidé de la prolonger jusqu'à fin 2012.
Imposible de localiser
Equipé d'un moteur ionique «qui pousse en permanence», GOCE «est sur une orbite stable tant qu'il a du carburant», a expliqué Fernand Alby, responsable des activités débris spatiaux et surveillance de l'espace de l'agence spatiale française (Cnes).
Dès lors que le moteur aura cesser de pousser, le satellite va commencer à perdre de l'altitude et amorcer son retour sur Terre. «A partir du moment où le réservoir sera vide, cela peut prendre en gros deux ou trois semaines», a dit Christoph Steiger. Impossible aujourd'hui de prévoir sur quel point de la Terre GOCE, ou plutôt ce qu'il en restera, va atterrir.
Quelques heures avant la chute, on pourra déterminer la «trace au sol» de l'objet, c'est à dire une ligne sur laquelle il va forcément retomber... mais qui fait rien moins que le tour de la Terre, a raconté Fernand Alby.
Un risque pas tout à fait nul
Les experts jugent cependant le risque pour les Terriens «très faible», sans être tout à fait nul. «Le risque d'être touché par un débri d'engin spatial est 65.000 fois plus faible que celui d'être touché par la foudre», affirme Christoph Steiger.
Le satellite doit se disloquer autour de 80 km d'altitude. Selon Christoph Steiger, un quart de sa masse, soit 250 kg devrait survivre à la rentrée dans l'atmosphère, se désintégrant en une cinquantaine de fragments.
Pour autant l'événement n'aura rien d'exceptionnel. «Des objets de la masse de GOCE, il en retombe un par semaine en moyenne», précise Fernand Alby, vieux satellites ou étages de lanceurs.
Phénomène lumineux
Le spécialiste souligne que, depuis les débuts de l'ère spatiale, «il n'y a jamais eu ni dégâts ni victimes».
Les chanceux -ou pas- qui pourraient se trouver à proximité pourront peut-être observer «un phénomène lumineux assez important» dans le ciel, un peu comme pour une météorite.
Les principales agences spatiales (ESA, Cnes, Nasa, les agences russe et chinoise) suivront de près la rentrée de GOCE, un exercice qui leur permettra de comparer leurs mesures.
Avec AFP