PARIS (Reuters) - Les constructeurs automobiles européens commenceront à commercialiser à partir de 2015 des voitures pouvant communiquer entre elles grâce à un super wifi, afin de réduire le risque d'accident lorsque la visibilité est réduite.
Renault a présenté mercredi les résultats du projet expérimental "SCORE@F", qui constitue un pas supplémentaire vers la voiture sans conducteur. S'il est validé, une expérimentation grandeur nature devrait suivre au début de l'année prochaine avec à terme 2.000 voitures communicantes en circulation en France.
"Dans un premier temps, je pense que les voitures complètement autonomes se déplaceront sur des voies réservées", indique Gérard Segarra, pilote innovation chez Renault, au cours d'une journée consacrée aux nouvelles technologies du constructeur. "Mais dès qu'on sortira de l'autoroute, on aura le problème des intersections et il faudra intégrer l'aspect coopératif des voitures qui communiquent avec d'autres véhicules, avec les motos, avec les vélos, afin de couvrir tous les cas de figure en termes de danger."
Selon lui, la voiture sans conducteur, incarnée par la "Google Car", ne pourra se contenter d'un système de localisation par GPS ou de la batterie de radars, capteurs et caméras qui équipent aujourd'hui les voitures. Suffisants en ligne droite, ils n'éviteront pas une collision à un croisement, dans un virage ou en côte.
Pour y remédier, les véhicules seront progressivement équipés d'un super wifi embarqué, d'une portée dix fois supérieure au wifi domestique, leur permettant d'échanger directement des données dans un rayon d'un kilomètre : en signalant automatiquement leur approche aux autres véhicules, ou manuellement la présence d'un obstacle repéré par le conducteur d'une des voitures.
Les constructeurs automobiles se sont engagés auprès des autorités européennes à déployer des voitures communicantes à partir de 2015. Les marques allemandes, fortes d'un projet lancé deux ans plus tôt avec un budget dix fois supérieur, devraient être les premières, tandis que l'expérimentation pilote française ne devrait pas se concrétiser avant 2016.
L'Europe a pour l'instant opté pour un déploiement volontaire, tandis qu'aux Etats-Unis, on s'oriente vers un équipement obligatoire sur tout nouveau modèle, indique Gérard Segarra.
Outre l'argument de la sécurité, ce système pourra participer à l'agrément de conduite - Siemens équipe actuellement des feux de circulation d'un système communicant aux voitures la vitesse à laquelle elles doivent rouler pour passer tous les feux au vert - ou présenter un intérêt commercial, puisque le conducteur pourrait aussi recevoir sur son écran des informations touristiques ou publicitaires sur la zone wifi qu'il traverse.
Gilles Guillaume, édité par Dominique Rodriguez