Mali / Les pros-putschistes ferment la voie aux chefs d’Etat de la CEDEAO : Voici l’ambiance qui a prévalu à Bamako hier
L'intelligent d'Abidjan
Posté le: 30 mars 2012
Conformément aux résolutions de la dernière conférence des pays de la CEDEAO (Communauté Economique des Etats de l’Afrique de lOuest), tenue le 27 mars 2012 à Abidjan sur la situation au Mali, une délégation de haut niveau, conduite par le président ivoirien, Alassane Ouatarra était attendue à Bamako, le jeudi 29 mars 2012 en milieu de journée. Mais la grande mobilisation des militants du MP 22 (Mouvement Populaire du 22 mars) à l’aéroport Bamako-Sénou, a contraint la délégation des chefs d’Etat à renoncer au voyage de Bamako. L’attente du capitaine Amadou Haya Sanogo, aura été longue sur le tarmac de Bamako-Senou.
Dès l’appel de soutien, lancé par le leader du seul parti de l’opposition de l’ère d’ATT (SADI), Dr Oumar Mariko, des partis politiques et autres associations se bousculent au portillon de la junte. Le week-end dernier, ils étaient plus d’une cinquantaine de responsables de partis politiques et associations de la société civile à exprimer leur adhésion au Mouvement Populaire du 22 mars (MP22), mis en place sous la coupole de l’ex-leader estudiantin, Dr Oumar Mariko. Le MP22 a fait sa première démonstration de force le mercredi dernier, par une marche grandiose de soutien aux auteurs du coup d’Etat du 22 mars 2012. Cette marche visait à donner un pied de nez aux décisions de la Cédeao prises 24 heures auparavant. Dans la même foulée, les leaders du MP22 ont relancé l’appel à leurs militants pour protester contre les décisions de la Cedeao, notamment celle relative au départ des mutins.
Ambiance surchauffée à Bamako
Hier jeudi matin, le président du CNRDRE, capitaine Amadou Haya Sanogo a quitté sa base de Kati (garnison située à 15 Km au nord de Bamako). Il devait accueillir à l’aéroport de Bamako-Sénou (situé, lui aussi à 15 Km au Sud de la capitale malienne) la délégation conduite par le président ivoirien, Alassane Ouattara et composée des chefs d’Etat du Bénin, Thomas Yayi Boni ; du Burkina Faso, Blaise Compaoré ; du Libéria, Ellen Jonshon Sirleaf ; du Niger , Issoufou Mahamadou Mahamane et du Nigéria, Goodluck E. Jonathan. Il était environ 10 heures 30mn lorsque le premier véhicule du cortège du Président du CNRDR a franchi le seuil de l’enceinte de Bamako-Sénou. Une arrivée saluée par des applaudissements des centaines de sympathisants de la junte militaire, amassés sur le côté droit de la piste d’atterrissage jusqu’à l’entrée du salon VIP. Où les hôtes devaient être reçus. Sous les sons des tambours, les militants du MP22 scandaient, en chœur ‘’A bas la Cédeao ! Vive le CNRDRE…’’. Face à cette atmosphère délétère qui frisait la provocation envers de hautes personnalités, le ministre ivoirien de l’Intégration africaine, Adama Bictogo a sollicité auprès des agents du protocole présents, la mise en œuvre de l’ordre au sein de l’enceinte de la piste d’atterrissage, afin de permettre aux avions des chefs d’Etat d’atterrir dans la quiétude. Grâce à l’intervention du capitaine Sanogo, lui-même, les pros-putschistes ont finalement accepté de dégager les lieux. Au même moment, dans la ville, précisément au niveau de la Bourse du Travail, quartier général des partis et organisations syndicales, l’on annonçait des affrontements seraient en cours entre des militants du MP22 et des opposants aux putschistes. Les premiers étaient opposés à la tenue d’un meeting de soutien à la CEDEAO des seconds. A l’issue de ces affrontements, de nombreux biens ont été saccagés ainsi que des véhicules et engins incendiés. De nombreux blessés ont été évacués à l’Hôpital Gabriel Touré de Bamako (le plus grand du pays).
Faux bond des chefs d’Etat au capitaine Sanogo
12 heures 30mn. Tous les esprits étaient tournés vers l’aéroport de Bamako-Sénou, mais jusque-là , aucune arrivée n’est signalée. Pourtant, l’arrivée de la délégation était annoncée pour 12 heures.
Vers 13 H 30mn que les quelques journalistes qui ont bravé le soleil bamakois, ont reçu l’information que le Président Alassane Ouattara et ses homologues de la Cedeao, ont décidé de ne plus effectuer le déplacement de Bamako, pour des raisons sécuritaires. Malgré tout, le capitaine Sanogo s`est entretenu à huis clos avec Djibril Bassolé et Mohamed Bazoum, chefs des diplomaties burkinabè et nigérienne, ainsi qu’avec Adama Bictogo, ministre ivoirien de l’Intégration africaine.
Moustapha Diawara, depuis Bamako