Projet du tramway à Abidjan / Grobri Athur (Fondateur de la Cicf) : «Ce projet n’est pas une utopie, c’est de la réalité»
Le Temps
Posté le: 30 novembre 2011
Vous êtes le promoteur de la Compagnie ivoirienne du chemin de fer (Cicf) en Côte d’Ivoire. Aujourd’hui, votre intérêt est de voir des tramways en Côte d’Ivoire. Y a-t-il une raison particulière ?
Je vous remercie de l’intérêt que vous accordez à notre activité qui est le ferroviaire dans son entièreté dont l’une de ses composantes est le Tramway dans le District d’Abidjan. Je suis le promoteur de la Cicf (Compagnie ivoirienne des chemins de fer). Depuis une dizaine d’années, nous menons des actions pour que ce projet soit une réalité à Abidjan. Notre seule raison est de faire en sorte que ce projet qui est en réalité, un projet pourvoyeur d’emplois et de développement ait lieu dans notre pays.
Alors quels sont les enjeux majeurs d’un tel projet ?
Les enjeux sont énormes pour notre pays et surtout pour les millions d’Abidjanais. Ce projet va permettre de décongestionner le District d’Abidjan. Il va également dans sa phase active de permettre à une grande mobilité des populations. Car, aujourd’hui, se déplacer d’une commune à une autre est un véritable parcours de combattant. Non seulement, il y a un manque criard d’autobus mais surtout il y a un véritable problème financier. Aujourd’hui, le besoin d’avoir le tramway à Abidjan est une véritable nécessité. L’autre solution que le tramway va apporter c’est la réduction des embouteillages. Vous conviendrez avec moi que la capitale économique de notre pays a un véritable problème d’infrastructures routières. Ce qui cause beaucoup d’embouteillages. En gros, je dirais tout simplement que le tramway lorsqu’il verra le jour va faciliter le déplacement des populations. Au niveau national, ce projet est un moyen fiable et viable pour l’évacuation des produits de premières nécessités mais aussi de grande consommation. Nous avons mené des études depuis une décennie. D’aucuns pensent que le tramway est une simple affaire. Non. Il nécessite d’études très sérieuses et pointues. Pendant ces dix dernières années dis-je, nous avons mené des études. Elles sont achevées. Nous sommes en discussion avec nos partenaires pour que ce projet soit vraiment une réalité pour notre pays qui en a grandement besoin.
Beaucoup de personnes pensent que la réalisation de ce projet n’est pas pour demain...
Je voudrais dire aux ivoiriens de croire en l’avenir de la Côte d’Ivoire. Ce projet n’a jamais été utopique. Il faut tout simplement y croire. Le tramway ne se résume pas à ma modeste personne. Cela doit être une affaire nationale où tout le monde devrait apporter sa contribution. En tout cas, nous, nous mettons tous les atouts de notre côté pour la réussite parfaite de ce projet. Nous n’en doutons pas des enjeux financiers que cela comporte. Nous savons que cela n’est pas facile. Cela prend beaucoup le temps. Mais, il faut y croire seulement. Il faut avoir la foi. Il y a beaucoup de nos compatriotes qui voyagent beaucoup à travers le monde. Mais, leur premier reflexe c’est de sauter dans un train dès qu’ils arrivent en Europe. Pourquoi, penseraient-ils que ce projet soit utopique. Aujourd’hui, nous sommes allés vers ceux qui sont les pionniers dans ces réalisations et nous pensons que le bout du tunnel n’est plus loin. Le chemin de fer qui est en Côte d’Ivoire depuis 1893 a été pensé. Il a été réalisé. Au début, c’était difficile. Mais, ce projet a été réalisé. Donc, le projet du tramway ne peut pas être utopique. Les Ivoiriens peuvent se tranquilliser. Car, il verra le jour.
Véritablement, à quand les premiers tramways à Abidjan?
Chaque année se tient l’assemblée générale des sociétés des chemins de fer. En 2009, nous avons eu la chance de discuter avec l’Union européenne qui a décidé de financer le projet. A ce niveau, le financement est bouclé. Les études sont prêtes. Notre souhait aujourd’hui est une forte implication des uns et des autres, dont l’Etat de Côte d’Ivoire pour la mise en route de ce projet d’envergure. Si cela est fait, les travaux démarreront dans les douze mois à venir et puis suivront les premières lignes. Elles partiront dans un premiers temps d’Anyama pour atteindre la commune de Port-Bouët en passant par le pont Félix Houphouët Boïgny et le Boulevard Valery Giscard d’Estaing. Il aura la ligne qui partira de l’Académie de la mer de Yopougon à Bingerville. Il y a celle qui part d’Abobo baoulé au Plateau en passant par Adjamé. Ce premier test va nous permettre d’en créer d’autres. Parce que notre souhait, c’est de créer des doubles voies avec des véhicules climatisées à Abidjan. Ce n’est pas utopique. Nous pouvons si le gouvernement décide à nous accompagner.
Disposez-vous de moyens financiers nécessaires pour une telle opération ?
Le coût de ce projet est énorme. Il avoisine les 1200 milliards de Fcfa. Mais, l’opération va se faire en plusieurs tranches. Nos partenaires sont prêts à nous accompagner. Le gouvernement également doit davantage s’impliquer politiquement. Ces conditions réunies, nous pourrons dire que dans les mois à venir, ce projet connaîtra un bon début d’exécution.
Par Joseph Atoumgbré