PSA et GM veulent fusionner Peugeot-Citroën et Opel
Reuters
Posté le: 15 octobre 2012
PSA Peugeot Citroën et General Motors réfléchissent à une fusion de leurs activités européennes dans le cadre d'un renforcement de l'alliance annoncée en février, a-t-on appris vendredi de sources au fait du dossier.
Les deux partenaires envisagent plusieurs scénarios, dont une coentreprise regroupant la division automobile de PSA et Opel, la filiale européenne de GM, ont indiqué à Reuters deux sources sous couvert d'anonymat, confirmant ainsi une information du site Latribune.fr.
"La phase II des discussions a commencé peu de temps après l'annonce initiale de l'alliance et a couvert plusieurs hypothèses, comme la vente d'Opel à PSA, le rachat de l'activité automobile de PSA ou le regroupement des deux dans une nouvelle entité", a déclaré une des sources.
Depuis l'annonce en février d'une alliance stratégique entre PSA et GM, la question d'un partage de production entre les deux groupes en Europe fait l'objet de rumeurs récurrentes. Une fusion entre PSA et Opel permettrait d'importantes économies d'échelle, mais constituerait aussi un sujet explosif sur le terrain politique et social.
"General Motors a évidemment à y gagner, mais pour PSA, c'est une autre histoire", commente Xavier Lelasseux, représentant CFDT chez PSA. "Opel reste le maillon faible de GM, et en termes d'emploi, il y aurait vraiment lieu de s'inquiéter."
"Par le passé, PSA a déjà repris l'activité européenne d'un constructeur américain, Chrysler Europe, en 1978. Mais à l'époque, le groupe avait de l'argent. Là, on ne voit vraiment pas comment une telle fusion pourrait fonctionner."
General Motors perd de l'argent en Europe depuis 12 ans, et a prévenu qu'Opel resterait déficitaire pendant deux années encore.
PSA, tombé dans le rouge au premier semestre à cause de la chute des ventes de voitures en Europe, a toujours assuré qu'Opel et lui-même devaient redresser leur situation financière chacun de son côté, indépendamment de l'alliance forgée au début de l'année.
LES PRÉCÉDENTS D'AULNAY ET DE BOCHUM
PSA a déjà provoqué un choc dans l'opinion et la classe politique en annonçant en juillet 8.000 nouvelles suppressions d'emplois en France et la fermeture de son usine d'Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) en 2014.
Chez Opel, le sujet est également très sensible, notamment en Allemagne où se trouvent les principales usines de la filiale de GM et où, faute de nouveaux modèles, l'usine de Bochum est menacée de fermeture après 2016.
Latribune.fr écrit que le projet de regroupement des activités de PSA et d'Opel fait encore l'objet de discussions et qu'il suscite des réticences au sein de la famille Peugeot, principal actionnaire de PSA.
La question de savoir qui des deux groupes piloterait cette entité n'a pas non plus été tranchée, ajoute le site, précisant que le projet n'a pas encore été soumis au conseil de surveillance du constructeur automobile français, mais qu'une décision pourrait intervenir d'ici la fin de l'année.
Latribune.fr indique également que la valeur des actifs de PSA étant supérieure à celle d'Opel, "General Motors pourrait mettre de l'argent en plus".
PSA et General Motors ont refusé de faire un commentaire.
"Nous ne commentons pas cet article, comme nous n'avons pas commenté les nombreux articles précédents sur l'alliance", a déclaré un porte-parole du groupe français. "S'agissant de nos relations avec GM, l'actualité est la mise en oeuvre du 'master agreement' dont le contenu sera annoncé d'ici fin octobre."
Le ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg n'a pas souhaité "réagir à des suppositions", a-t-on déclaré dans son entourage vendredi soir.
Les deux groupes doivent alors faire le point sur plusieurs pistes de travail en commun sur les petites voitures, les monospaces et les crossovers, les grandes routières et les boîtes de vitesses de dernière génération.
Dans le cadre de leur alliance, dont ils attendent chacun un milliard d'euros de synergies par an d'ici cinq ans, PSA et GM ont déjà créé une coentreprise dans les achats et forgé un partenariat dans la logistique.
Confrontés aux mêmes problèmes européens de baisse des ventes et de surcapacités, Renault et Fiat puisent pour leur part dans les synergies offertes par leurs alliances avec, respectivement, le japonais Nissan et l'américain Chrysler.
par Ben Klayman et Arno Schuetze et Gilles Guillaume
Avec Laurence Frost, édité par Matthias Blamont