Renault : Carlos Ghosn s'excuse... et reste
Autonews.fr
Posté le: 16 mars 2011
Invité du journal de 20 heures de TF1 hier, Carlos Ghosn a reconnu que sa marque Renault n'avait manifestement jamais été victime d'espionnage industriel en interne. Le patron du losange a présenté ses excuses aux trois cadres licenciés suite à cette affaire et n'a pas présenté sa démission à son conseil d'administration. Mais le mal est fait, et pas seulement pour ces salariés injustement mis en cause.
Le ridicule ne tue pas, et c'est tant mieux pour Renault, dont l'avis de décès aurait alors été immédiatement envoyé aux quatre coins de la planète, sans que personne ne verse une seule larme. Le ridicule n'est semble-t-il pas non plus une "faute grave", puisque, malgré le fiasco dans la fausse affaire d'espionnage industriel dont Renault s'est cru la victime, les actuels dirigeants du losange resteront en place, en toute impunité.
Un véritable fiascoCarlos Ghosn, invité du JT de Laurence Ferrari hier soir sur TF1, a ainsi confirmé qu'il n'avait pas présenté sa démission à ses actionnaires lors de son conseil d'administration qui venait de se terminer. Le constructeur a par ailleurs fait savoir dans un communiqué que le président de Renault-Nissan a "refusé la démission de Patrick Pélata (le numéro 2 de Renault, ndlr) que ce dernier lui avait présentée".
Sur TF1, Monsieur Ghosn a commencé par s'excuser personnellement auprès de Michel Baltazard, Bertrand Rochette et Matthieu Tenenbaum, les trois cadres que le constructeur avait licenciés, soupçonnés d'être responsables d'espionnage industriel et que le Procureur de la République vient de mettre hors de cause. "Je me suis trompé, nous nous sommes trompés et, d'après les conclusions que nous avons entendues du procureur de Paris, il semble que nous ayons été trompés" a ainsi reconnu le numéro 1 de Renault, ajoutant au passage, comme pour appuyer ses "vifs regrets" qu'une « réparation et/ou une réintégration des trois cadres au sein du groupe après une très grande injustice » leur serait proposée. Autrement dit, Renault devrait passer lourdement à la caisse, après que le patron les aura reçus personnellement.
Renault va ramerQuelques minutes avant son intervention télévisée, Carlos Ghosn avait présenté au Conseil d’administration les principales mesures qu’entend prendre la direction de Renault afin de tirer toutes les conséquences de la crise que vient de traverser l’entreprise. Et notamment engager des procédures disciplinaires adaptées aux fautes à l’égard de trois membres de la Direction de la Protection du Groupe puis de restaurer l’image de Renault et la confiance dans l’entreprise et ses dirigeants.
Restaurer son image : Renault a ainsi devant lui un chantier titanesque, après ce qu'il faut bien appeler désormais un fiasco, auquel avait, rappelons-le, participé Carlos Ghosn, lequel avait affirmé ces dernières semaines à la télévision avec braverie, être en possession de "preuves multiples" de tentative d'espionnage industriel contre sa marque de la part de ses propres salariés...
Il semble bien cependant acquis désormais, que c'est d'escroquerie dont aurait été victime Renault, de la part de Dominique Gevrey son responsable de la sécurité. Une escroquerie, a priori réalisée avec une facilité déconcertante. Une naïveté et une crédulité affichées par Renault tout au long de ce dossier "en carton", et dont l'image de la société ne sortira certes pas indemne, ni auprès de ses employés, ni auprès du public. Un constat déconcertant, encore épaissi par l'empressement du constructeur à communiquer dans cette affaire, et même à se montrer menaçant envers "les traîtres", sans qu'aucune preuve ne lui ait pourtant jamais été fournie.
Enfin, Carlos Ghosn a annoncé hier soir à Laurence Ferrari, avoir renoncé, au même titre que d'autres hauts dirigeants de Renault, à ses bonus de 2010, qui auraient représenté pour lui une somme d'environ 1,6 million d'euros, mais aussi qu'il ne toucherait pas en 2011, de stock-option. De l'argent qui servira à indemniser les trois ex cadres de l'entreprise bafoués dans leur honneur ?
Par Laurent LEPSCH d'Autonews.fr