La section Abidjan-Adzope-Abengourou-Agnibilekrou, sur la route de l’Est ou Nationale A1, a été réhabilitée fin 2016 grâce à un appui financier de partenaires au développement dont l’Union Européenne. Devenue plus confortable, elle profite aux populations et au dynamisme des activités économiques. Mais cette embellie a un prix qui passe par une contribution financière des usagers, surtout si l’Etat veut sauvegarder les ressources financières nécessaires pour l’entretien permanent.
C’est ce principe que le Fonds d'entretien routier FER a tenu à expliquer aux populations lors d’une large consultation, mercredi à Abengourou. Il fallait, lors de ce séminaire consacré à «la mise en service du poste de péage de Moape et au poste de pesage d’Abengourou», trouver les mots justes pour faire comprendre le péage aux transporteurs, commerçants, acteurs de la société civile et autres composants de la population et capter leur adhésion.
Prendre la mesure avant de décider
Il s’agit de «recueillir les préoccupations de chacun» quant une fixation des tarifs, à indiqué le DG du FER, Diaby Lanciné. «Le gouvernement travaille pour les Ivoiriens et ne veut pas faire leur bonheur sans eux. Les Ivoiriens se sont exprimés. Et leurs préoccupations permettent au gouvernement de prendre la pleine mesure et de décider», a-t-il ajouté.
Les postes de péage sont un instrument du dispositif de commercialisation de la route en servant de collecte de fonds pour entretenir et sauvegarder les routes tout en assurant les charges d’entretien.
Cinq postes sont prévus le long de la route de l’Est qui s’étire sur plus de 600 km. Ceux de Thomasset et de Moapé sont fonctionnels mais pas encore mis en service.
Les postes de pesages sont des instruments de régulation de la charge à l’essieu pour les poids lourds, devenus indispensables en raison de la propension des transporteurs à la pratique de la surcharge, véritable prédateur des chaussées revêtues. La Côte d’Ivoire en compte 9 repartis sur le territoire. Le dernier est celui d’Abengourou, inauguré jeudi.
En 2016, plus de 51% des camions en circulation sur le réseau routier ivoirien étaient classés en situation de surcharge. Ce chiffre est descendu à moins de 47% de nos jours, selon des sources proches de la délégation de l’UE.
La fin de la gratuité
«Devant la rareté des ressources, le FER a pour mission de trouver des moyens en vue de préserver le réseau routier de la dégradation. L’idéal aurait été la gratuité sur les routes. Mais dans ce cas, l’infrastructure ne tiendra pas plus de 5 ans», a averti M. Lanciné.
Les besoins pour l’entretien courant du réseau routier ivoirien sont estimés à 275 milliards de FCFA par an. Tandis que le budget alloué au FER est de 160 milliards par an.
Les transporteurs, par la voix du Directeur général du Haut conseil du patronat des entreprises de transport routier (HCPETR-CI), ont réaffirmé leur engagement à aller dans le même sens que l’Etat.
«Au départ, nous n’avions pas compris. Mais nous pensons désormais que l’expérience menée sur l’autoroute du Nord doit être reconduite sur d’autres axes. Nous demandons seulement à l’Etat de tout mettre en œuvre pour que les routes soient sans nid de poule et que le coût du péage soit supportable», a lancé Diaby Ibrahim.
Les craintes des villageois à Moapé et à Thomasset
Du côté des populations, l'heure n'est pas à la polémique vu les enjeux socio-économiques. Mais les habitants des villages riverains disent être pris au dépourvu devant la contrainte de payer à chaque passage sur la voie.
A Moapé, par exemple, le péage est à la limite du village en direction du chef-lieu qu'est Adzopé.
«Si chaque taxi qui sort ou entre au village doit payer le passage, il y aura de nombreux désagréments pour nos poches», a averti Assi Yapi Richard, président des jeunes dudit village. Les mêmes craintes sont partagées par les populations frères de Thomasset. D'ultimes appréhensions qui prolongent un peu plus la réflexion et les négociations.
Célestin KOUADIO
Envoyé spécial à Abengourou
c.kouadio@acturoutes.info