Sénégal, Joola : les raisons du naufrage
Camer.be
Posté le: 26 septembre 2012
Des centaines de personnes qui y avaient embraqué n'arriveront jamais à Dakar, destination finale de ce navire en service depuis 1990.Les premiers rescapés ont été récupérés par des piroguiers plus de 7 heures après le drame.Les secours dépêchés par l'Etat du Sénégal sont arrivés sur site, le lendemain, à 18 heures GMT.Seule une soixantaine de personnes sera sauvée de ces eaux froides de l'Atlantique.Des corps seront repêchés et inhumés au Sénégal et en Gambie.
Les autres sont portés disparus. Au total, la catastrophe a fait, officiellement, 2.133 morts et disparus.C'est la surcharge qui a fait couler ce bateau de fabrication allemande.Le Joola avait une capacité d'accueil de 580, dont 44 membres d'équipage.
Sur décision du président Wade, une indemnité de 10 millions de francs CFA par victime a été octroyée aux familles. Une chaîne d’incompétences et d’irresponsabilités
Un problème qui était bien connu du gouvernement.
Le rapport d'enquête officiel relève que "le Ministère chargé de la Marine marchande a toujours tiré la sonnette d'alarme à propos de la surcharge et de l'insécurité à bord".Mais pour des raisons qui n'ont jusqu'à présent pas été élucidées, ce ministère s'est toujours abstenu d'exécuter "son obligation légale d'interdire le navire d'appareiller".
L'enquête ouverte par le gouvernement sénégalais, 4 jours après le naufrage, rapporte également que le Joola ne remplissait pas toutes les normes de sécurités requises.
Le navire ne disposait pas de permis de navigation.
La commission d'enquête, présidée par l'ancien médiateur de la république, impute la responsabilité des "défaillances" fatales au Commandant du navire.Selon les rapporteurs, il aurait manqué de "compétence", ou alors de négligence, "une faute extrêmement grave".Le Sénégal incrimine également le constructeur, qui dit avoir relevé des "défaillances au niveau de la conception du navire".
Quid de la responsabilité des autorités politiques?
Elles avaient confié la gestion nautique à la marine nationale, "qui n'est pas censée être en mesure d'observer et d'appliquer les règles fixées par l'OMI pour la conduite des navires marchands".
Le silence de la justice
Les rapporteurs vont plus loin, en relevant que "la conception et la conduite des navires marchands sont différentes de celles des navires militaires et mieux la formation des officiers n'obéit pas aux mêmes procédures".
En dépit des nombreux manquements relevés par le rapport, la justice sénégalaise n'a pas ouvert d'instruction sur le naufrage du Joola.
Elle évoque l'extinction de l'action pénale, en raison de la mort du commandant, présenté comme principale responsable du naufrage.
C'est en France qu'une action judiciaire engagée est en cours.
Paris poursuit le ministre de la Défense de l'époque, trois anciens officiers supérieurs de l'armée, et trois anciens hauts fonctionnaires, pour leur responsabilités présumées dans la mort de sept de ses ressortissants.
© Source : BBC Afrique