Trafic aérien: 3e jour de grève, des centaines de vols annulés
AFP
Posté le: 08 février 2012
Le conflit dans l'aérien contre un encadrement plus strict du droit de grève, principalement suivi par les pilotes d'Air France, a contraint la compagnie à annuler des centaines de vols mardi, sans toutefois provoquer de pagaille, et le trafic restera perturbé mercredi.
Mardi, la compagnie a assuré avoir réalisé plus de 70% de son programme long courrier, au-delà de ses prévisions, et 70% des vols court et moyen courrier.
Les vols vers les aéroports régionaux et l'Europe représentent 95% des quelque 1.500 vols assurés chaque jour par la compagnie. D'où des annulations préventives par centaines et une trentaine d'annulations "à chaud" mardi.
Mercredi, Air France prévoit d'assurer 60% de ses vols long courrier et 70% des vols court et moyen courrier en incluant l'activité de ses filiales.
Dans ce contexte, la compagnie informe massivement ses passagers par courriels et SMS (120.000 depuis lundi), de sorte qu'il n'y a pas des milliers de voyageurs se présentant aux aéroports sans connaître le statut de leur vol.
A la direction d'Air France, on expliquait avoir "anticipé le plus possible les annulations et prévenir les passagers qui sont, quand c'est possible, reportés sur les vols prévus ou qui ne viennent pas et reportent leur voyage".
La compagnie a également facilité les conditions pour reporter son billet au-delà du jeudi 9 février, dernier jour du préavis.
Selon le SNPL, le principal syndicat de pilotes, le taux de grévistes s'est élevé mardi chez les pilotes d'Air France à plus de 60%.
"Le taux de grévistes est proche de celui de lundi (50%) mais il y a de plus en plus d'annulations car le réservoir de non grévistes diminue", a expliqué Yves Deshayes, président du SNPL national. La direction d'Air France a, quant à elle, indiqué que 30% de pilotes et 15% d'hôtesses et de stewards avaient suivi la grève.
"70% des PNT (personnels navigants techniques, pilotes, ndlr) et plus de 85% des PNC (personnel navigant commercial, hôtesses et stewards) étaient au travail aujourd'hui (mardi) selon notre dernier comptage en début de soirée", a déclaré à l'AFP un porte-parole.
Tous les syndicats de l'aérien avaient déposé un préavis de grève du 6 au 9 février pour s'opposer à une proposition de loi, votée en première lecture le 24 janvier par les députés.
Le gouvernement déterminé
Le texte veut notamment imposer aux grévistes des préavis individuels 48 heures avant le début d'un conflit. Le gouvernement invoque "un progrès pour le droit des passagers" moyennant des prévisions de trafic affinées. Les syndicats voient dans le texte une atteinte au droit de grève, sans le créditer d'une amélioration du dialogue social.
La proposition de loi du député UMP Eric Diard impose aussi aux grévistes d'annoncer leur intention de reprendre le travail 24 heures à l'avance et aux compagnies de communiquer des prévisions de trafic 24 heures en amont.
L'examen au Sénat est prévu le 15 février, avant un retour devant les députés.
Si les préavis ont été déposés par l'ensemble des syndicats - pilotes, hôtesses et stewards, personnel au sol et prestataires - les pilotes d'Air France sont aux avant-postes de la mobilisation.
EasyJet n'a annulé aucun vol mardi, contre six la veille, a indiqué la direction qui prévoit d'assurer mercredi tout son programme.
Le ministre des Transports Thierry Mariani a réaffirmé mardi "la détermination du gouvernement à soutenir cette loi".
Le SNPL a, lui, critiqué "l'absence de rendez-vous avec le gouvernement pendant le conflit". "Nous irons donc au bout du préavis (jeudi) mais nous estimons que ce n'est pas très responsable de ne rien proposer tout de suite et de laisser faire la grève", a commenté Yves Deshayes, le président du SNPL.