Les véhicules de transport en commun ‘’Gbaka’’ et ‘’Wôrô-wôrô’’ seront interdits de circuler bientôt sur certains axes dans le district d’Abidjan. Une décision prise par la direction de la police de concert avec les principales organisations du secteur du transport routier.
La circulation sur les trois ponts, les boulevards Valery Giscard d’Estaing (Vge), Mitterrand (route de Bingerville), de Gaulle, des Martyrs, Latrille seront bientôt interdits à des types de véhicules de transport que sont les Gbaka et Wôrô-wôrô. Ainsi en ont décidé la Direction générale de la police nationale et les principales organisations du secteur du transport routier au terme de plusieurs rencontres dans le cadre de la fluidité de la circulation dans le district d’Abidjan. Selon le Directeur général de la police nationale, ces axes seront incessamment soumis aux maires impliqués pour la prise d’Arrêtés municipaux. C’est après que les mesures d’interdiction de leur exploitation par ces types de véhicules devront entrer en vigueur. Ces propositions ont rencontré l’assentiment des organisations présentes dans leur ensemble, à l’exception d’un défenseur des taxis banalisés qui a indiqué disposer des documents attestant la régularité de leur activité. Ce dernier, qui n’a pu convaincre les participants à la réunion, a été invité à présenter ces documents au préfet de police. Les organisations présentes ont manifesté leur souhait de voir une fois pour toute la disparition de ces véhicules banalisés dans le transport. Pour Touré Adama, président de la Coordination nationale des gares routières de Côte d’Ivoire, l’activité des taxis compteurs est régie par une loi votée par l’Assemblée nationale qu’aucun autre texte ne saurait remettre en cause. Dans tous les cas, a-t-il indiqué, « nous attendons de pieds fermes qu’on nous présente d’autres textes ». D’autre part, « les véhicules pratiquant l’interurbain par Grand-Bassam, devront limiter leur embarquements et débarquements aux seules gares de Bassam à Treichville et Adjamé », a-t-il suggéré.
Moyens de transport « dangereux » mais incontournables
Les Gbaka et Wôrô-wôrô sont des moyens de transport « dangereux» mais, ils sont incontournables aujourd’hui dans le district d’Abidjan. En effet, les populations de la capitale économique ivoirienne sont quotidiennement confrontées à des problèmes de mobilité. Il est aisé d’en faire le constat chaque matin et chaque soir, aux abords des grandes artères. De longues files de personnes en attente de moyens de transport. Selon des études réalisées, les minicars, Gbaka, et les taxis Wôrô-wôrô, respectivement aux nombres de 8 000 et 11 000, transportent 2 600 000 sur les 3 452 800 personnes se déplaçant par jour. Ils représentent environ 65% du parc des véhicules de transport de personnes d’Abidjan. En dépit des nombreux désagréments qu’elles subissent: bousculades, vols, augmentations de tarifs, non-respect des destinations, retards, violences verbales des conducteurs, insécurité due au mauvais état des véhicules, les populations abidjanaises ne parviennent pas à se passer de ces moyens de transport. Pourquoi ces engins sont-ils incontournables ? Il est à rappeler qu’après avoir appuyé financièrement les compagnies de transports (Sitram, Sivomar, Sotra…) au lendemain de l’indépendance, l’Etat de Côte d’Ivoire, avec la crise des années 80, a raréfié son appui financier, alors que la ville d’Abidjan connaissait au même moment une forte croissance démographique, multipliant de ce fait les besoins en matière de déplacement. La disparation du monopole de la Sotra et des taxis compteurs dans le transport urbain a suscité l’éclosion d’un transport collectif artisanal, marqué par l’augmentation exponentielle du nombre de Gbakas, et l’arrivée sur le marché des taxis communaux. Aujourd’hui, leur importance n’est plus à démontrer. Ils transportent environ 65% des 3 452 800 personnes se déplaçant par jour, et leur débrayage perturbe sérieusement le déroulement des activités. Est-ce la raison pour laquelle, bien que facteurs de pollution avec un intense dégagement de gaz à effet de serre, les Gbakas et Wôrô-wôrô demeurent maîtres dans le transport urbain des personnes? Une chose est sûre, les Abidjanais préfèrent braver les bousculades, les risques de se faire voler, le non-respect des destinations, les violences, l’insécurité…, pour emprunter en très grand nombre ces deux moyens de transport peu rassurants. Il importe de mettre de l’ordre dans ce milieu. C’est en ce sens que l’apport du ministre des Transports est important.
Abou Traoré