Transport aérien: les trois options stratégiques d’Air Côte d’Ivoire
Fraternité Matin
Posté le: 02 novembre 2012
Après avoir reçu au sol l’onction des autorités ivoiriennes, avec à leur tête le Chef de l’État, Alassane Ouattara, Air Côte d’Ivoire est allée prendre les bénédictions des airs, par un vol inaugural le mardi 30 octobre. Destination, la capitale sénégalaise, Dakar, que les 84 passagers à bord ont atteinte après 2h30 de vol parfaitement exécuté par le commandant Patrice Koné, par ailleurs, Dga chargé de l’exploitation. Ils étaient composés de directeurs généraux de société dont celui de la Caisse nationale de prévoyance sociale (Cnps), Bernard N’Doumi ; du Président du conseil d’administration (Pca) de la Sib, Georges N’Dia ; de personnel d’agences de voyage, clients et journalistes. La délégation a été accueillie par l’Ambassadeur de Côte d’Ivoire au Sénégal, le général Kassaraté Tiapé. Pour le Président du conseil d’administration d’Air Côte d’Ivoire, Abdoulaye Coulibaly, ce baptême de l’air marque la marche irréversible d’Air Côte d’Ivoire sur la voie d’une activité pérenne.
Le disant, il a à l’esprit les statistiques sur la vie des sociétés africaines de transport aérien, ces dix dernières années. En effet, à la suite de la dissolution d’Air Afrique, de 2002 à 2012, ce sont 41 compagnies aériennes qui n’ont pu prendre véritablement leur envol après des débuts bruyants. Ces entreprises sont restées clouées au sol seulement après quelques années d’exercice. C’est justement ce constat qui est à la base de l’analyse des responsables de la compagnie ivoirienne. Approfondissant l’examen des écueils et tirant les leçons, la direction d’Air Côte d’Ivoire est parvenue à dégager trois axes stratégiques qui, logiquement, doivent lui assurer une activité pérenne.
Selon le directeur général, René Decurey, les initiatives nationales africaines échouent parce que les dirigeants ne prennent pas suffisamment la mesure de l’exploitation d’une entreprise de transport aérien. «Le voyage en Afrique est fastidieux à cause des nombreuses escales à effectuer d’un point à un autre», fait-il remarquer. C’est pourquoi, dans un premier temps, Air Côte d’Ivoire mise sur des vols directs. Toutes les dix destinations de la compagnie seront desservies sans escale. Ce qui permettra à la société d’avoir suffisamment de fréquences et de donner du rythme à ses affaires tout en satisfaisant à un facteur important dans l’aviation, la ponctualité.
Ensuite, Air Côte d’Ivoire espère tirer avantage de son partenariat avec le groupe Celestair détenant Air Mali et Air Burkina. L’explication est simplement économique. C’est que pour avoir une taille critique, avance M. Decurey, une société doit compter dans sa flotte entre sept et dix avions. Or, la compagnie ivoirienne ne débute son exploitation qu’avec deux Airbus A 319. Le partenaire lui permettra alors de rationaliser ses dessertes. Tout naturellement, les coûts et bénéfices seront partagés au prorata des interventions. «Notre vision est d’être une compagnie ivoirienne d’ossature internationale», appuie le directeur général. En filigrane, le 15 mai dernier, lors de la création juridique de la société, le Pca, Abdoulaye Coulibaly, ne cachait pas l’ambition des autorités ivoiriennes, de faire d’Air Côte d’Ivoire, un embryon d’une compagnie panafricaine.
Enfin, le dernier levier que les responsables d’Air Côte d’Ivoire comptent actionner est de faire d’Abidjan une plate-forme aéroportuaire. C’est-à-dire créer un hub, un aéroport qui concentre la clientèle venant de divers horizons. Et ce sont ces passagers qui alimenteront l’exploitation de la compagnie ivoirienne. Chaque jour, deux moments d’affluence de voyageurs se constateront donc. Vers 12 heures et vers 18 heures.
En plus de ses trois options stratégiques, la société veut apporter un bonus dans le traitement de ses passagers. Ce qui explique qu’elle donne du prix au confort en réaménageant ses avions de 124 places en 108 places, pour qu’ils soient plus spacieux. Pour le directeur marketing et commercial, Laurent Loukou, son entreprise a choisi comme cible conceptuelle le client professionnel. Ainsi, pendant le vol, le voyageur dispose de prise pour brancher son ordinateur ou son téléphone portable. La distraction n’est pas oubliée. Des films vidéo et de la musique sont au programme. «En général, ce sont des services offerts sur les longs courrier», motive M. Loukou.
Le premier billet d’avion a été vendu au Sénégal, le lundi 29 octobre, pour la destination Libreville et le deuxième billet vendu par une agence ivoirienne. C’est exactement le 12 novembre que la compagnie lancera les vols commerciaux. Son code sur les billets est HF. Tous ses numéros de vols seront donc précédés de ces deux lettres qui signifient Houphouët-Félix.
Adama Koné
Envoyé spécial à Dakar, Sénégal