Aéroport d’Abidjan. Une nuit du mois de juillet, une dame, assise la main à la tempe le regard vide, observe le tapis roulant qui a cessé de tourner.
Une autre vient de temps à autre lui souffler quelques mots tout en lui tapotant l’épaule. Elle a en effet besoin de réconfort et d’encouragement. En provenance de Tunis, l’avion dont elle a débarqué à 01h30 avec une partie de sa famille est arrivé…sans ses bagages.
C’est donc sa sœur, très alerte, qui s’occupe de remplir les formalités qui s’imposent dans ce type de circonstance. « Il faut faire une réclamation. Les agents en service nous ont demandé de remplir des fiches et d’attendre le prochain vol », lâche-t-elle.
Poussés par l’inquiétude des voyageurs, notre préoccupation nous mène bureau chargé des réclamations. La situation s’avère alors plus alarmante. Dans les bureaux qui servent d’entrepôt de stockage, des dizaines de valises et de baluchons divers sont entassés. Certains sont abandonnés à même le sol, sommairement rangés à l’entrée du bureau.
Une dizaine de voyageurs font la queue pour le même problème, visiblement. Leurs valises sont introuvables dans le lot des bagages sortis de la soute de l’avion. Parmi ces arrivants infortunés, deux européens, apparemment des diplomates, se sont dépêchés de quitter les lieux après avoir signalé la nature de leurs affaires introuvables.
Face à eux, un agent tente d’être rassurant. « Il n’y a pas de quoi s’inquiéter. Vos valises arriveront dans le vol suivant. Il y a certainement eu des difficultés dans le transbordement des affaires lors de l’escale à Casablanca », explique-t-il.
Des valises oubliées à l’escale
Les difficultés dont il parle sont de deux ordres, selon ses explications. Cela peut être dû au retard dans le transbordement. L’avion étant prêt à décoller, le service de fret décide de conserver les bagages qui n’ont pas été transbordés pendant la période d’escale. Ces colis sont alors embarqués dans le ou les vols suivants. Dans un autre cas, il peut y avoir un excédent de charge. « On procède alors à un délestage pour permettre à l’avion de décoller dans les conditions de sécurité », poursuit-il.
« Dans tous les cas, les bagages ne sont pas perdus. Tant qu’ils sont répertoriés et fichiés avec des numéros, ils arrivent à destination », continue notre interlocuteur pour qui ce genre de désagrément est devenue presqu’une routine, surtout en période de grandes vacances. Deux compagnies sont citées comme des habituées à ce scénario: Royal Air Maroc et Tunis Air, réputées pour une certaine « flexibilité » sur la franchise de bagages.
A qui la faute ?
Approchée pour situer les responsabilités en cas de perte de bagages, une dame en uniforme précise que ces cas sont rares, même si des voyageurs ont dû patienter pendant « plusieurs mois » pour retrouver leurs affaires.
Le transporteur quant à lui semble avoir trouvé une issue en déclinant toute « responsabilité » sur les dommages ou perte de bagages, comme le mentionne le récépissé de réclamation présenté par une victime « d’oubli » de bagages.
Le code de l’aviation, selon des agents, exige que la compagnie aérienne fasse parvenir un message pour informer les voyageurs. « Ça n’a pas été le cas cette fois », déplore notre interlocuteur. C’est dire combien l’ambarras des voyageurs est grand. D’ordinaire, tout candidat au départ craint de rater l’avion. Mais constater la fin d'un voyage sans ses valises, est une expérience difficilement acceptable.
A à 04h10, atterrit un autre vol de la Royal Air Maroc. Le même scénario d’attente reprend devant le tapis roulant. C’est la délivrance pour certains voyageurs qui voient sortir enfin leurs valises. L’un d’entre eux très expansif souligne qu’il a profité de l’intervalle entre les deux vols pour se rendre à la Riviera II, se changer vu l’éprouvant voyage, et revenir.
Avant de quitter les lieux, il annule la réclamation. Pendant ce temps, une autre file se constituait pour des plaintes d’autres voyageurs sans nouvelles de leurs bagages.