Les ports ivoiriens ont perdu une bonne part de leur compétitivité durant la période de crise (2002-2011) en Côte d’Ivoire. L’environnement, très concurrentiel dans le secteur maritime et portuaire, exige que de gros efforts soient faits en termes d’investissements pour les infrastructures et les équipements. Ce chantier va s’appuyer sur des atouts essentiels dont disposent les ports d’Abidjan et de San Pedro.
«Avec toutes les mesures qui sont prises et les travaux en cours ou prévus, les ports vont retrouver leurs positions, peut-être pas aussi dominantes que par le passé mais ils pourront recevoir le trafic dans des conditions optimales de compétitivité», a indiqué Dr Gnakalé Djédjé, spécialiste des affaires maritimes et portuaires.
L’expert et consultant international présentait jeudi à Abidjan un exposé sur «la compétitivité des ports et corridors ivoiriens», lors de la réunion bilan du comité national de l’Alliance Borderless.
Des atouts réels
L’un des atouts sur lesquels vont surfer les ports ivoiriens est la bonne la connectivité maritime. Presque toutes les compagnies maritimes font escale à Abidjan ou à San Pedro.
Le deuxième avantage réside dans la dimensionnalité économique de la Côte d’Ivoire. Le dynamisme économique génère un trafic domestique important d’environ 20 millions de tonnes. C’est un volume qui attire et rassure les armateurs
Les ports ivoiriens peuvent aussi tirer profit du flux équilibré du trafic en importation et en exportation. C’est le cas notamment pour le port d’Abidjan qui a réalisé en 2017 un volume de 23 millions de tonnes dont 13 millions de tonnes à l’importation. La majorité des autres ports en Afrique sont des ports d’exportation.
Enfin, la bimodalité de la connexion terrestre avec les routes et le chemin de fer en Côte d’Ivoire offre un avantage concurrentiel sur les autres ports spécifiquement pour l’acheminement des marchandises vers les destinations de l’hinterland.
Sortir de la zone d’inconfort
L’orateur n’a pas manqué de revenir sur les facteurs explicatifs de la perte de compétitivité des ports ivoiriens. La longue crise militaro politique a bloqué les investissements, pendant que les autres pays accéléraient la cadence dans le développement de leurs infrastructures portuaires.
Au Togo, par exemple, le port de Lomé, véritable challenger du port d’Abidjan, dispose de deux Terminaux à conteneurs sur une emprise de 83 hectares sans compter des dizaines d’hectares en réserve. Le dernier des TC a un tirant d’eau de 16m qui permet d’accueillir des navires d’un volume très important, là où Abidjan n’offre que 11,5m de tirant d’eau.
«Dans le domaine commercial, le premier à disposer des infrastructures adéquates capte les clients qui seront difficiles pour les concurrents à récupérer», a averti Dr Gnakalé.
A côté de la vétusté des infrastructures, les ports ivoiriens souffrent d’une politique tarifaire jugée «onéreuse». Dans le passé, les coûts se justifiaient par un rapport qualité-prix. Mais de nos jours, il existe une uniformatisation des équipements des plateformes portuaires sur le continent. Si bien que l’opérateur a l’impression de payer plus cher à Abidjan pour le même service.
«Aujourd’hui, les opérateurs des pays sans littoral sont devenus économiquement très rationnels», a souligné le conférencier.
Célestin KOUADIO
c.kouadio@acturoutes.info